Cultures Marines n°341 - 16

16 RÉGIONS

bretagne sud

Loscolo

Des mytiliculteurs font vaciller le projet

éjà malmené par une fronde de
riverains, le projet de lotissement
conchylicole près de la pointe de
Loscolo à Pénestin doit dorénavant affronter la désapprobation de plusieurs
professionnels. Organisée le 1er octobre,
une réunion publique a mis en avant les
dissensions persistantes sur ce dossier qui
est instruit depuis plus d'une décennie
avec l'appui de la communauté d'agglomération Cap atlantique.
Signé en août, le permis d'aménager
doit encore essuyer deux recours gracieux
déposés début septembre, l'un porté par
des riverains ainsi que les associations

Cappenvironnement et la LPO, l'autre par
douze entreprises mytilicoles de Pénestin.
Les premiers dénoncent « la destruction
d'une zone boisée rétro-littorale » pouvant
conduire à « la fragilisation économique des
espaces de production aquacole ». Les seconds
s'inquiètent d'une possible détérioration de
la qualité des eaux dans la baie de Maresclé
où sont produites entre 300 et 600 tonnes
de moules chaque année et où devront se
jeter les eaux du bassin de rétention de la
nouvelle zone d'activité.
Autre motif d'opposition : les chantiers
dispersés actuellement sur plusieurs sites
(le Logo, le Scal, le Lomer) pourraient être

Une douzaine de professionnels s'oppose au projet,
craignant une dégradation de la qualité des eaux.

fortement dévalorisés en raison d'une
menace de préemption que fait peser un
projet de renaturation évoqué par la préfecture. Outre le nombre important de
professionnels qui afﬁchent désormais leur
hostilité, le revirement de certains d'entre
eux interroge.
17 PARCELLES

C'est le cas d'Axel Brière, ancien président
du syndicat mytilicole de Pénestin. Alors
qu'il était favorable au projet, il a dû se
résoudre à déplacer sur un site voisin son
usine de valorisation des moules soustailles, Mussella. En cause ? Une procédure
mal ﬁcelée par rapport à une entreprise
qui ne pouvait souffrir d'attendre plus
longtemps.
Proposant une surface de 8,5 hectares, le
parc conchylicole de Loscolo prévoit 17 parcelles, livrables en deux tranches de travaux
dont le montant est évalué à au moins cinq
millions d'euros. Défendue par Pascal Puisay
récemment élu à la mairie de Pénestin,
l'initiative est portée pour l'essentiel par le
groupement des producteurs de moules de
Pénestin qui pèse près du tiers de l'activité
locale avec sept exploitants, dont Thibaud
Camaret, actuel président du syndicat.
Bertrand Tardiveau

Ivan Selo

Un projet de chaland électrique

n marge du salon de Vannes, Loïg
Chesnais-Girard, président de la région Bretagne a été le 23 septembre à
la rencontre d'Ivan Selo sur son chantier à
Baden (Morbihan). « Les trajets vers nos parcs
se résument le plus souvent à des traversées de
quelques minutes. Avec des pontons propulsés
par des moteurs de 150 voire 200 CV, chaque
marée devient rapidement aussi coûteuse qu'elle
est bruyante et polluante », explique l'ostréiculteur de 51 ans, pour qui les embarcations électriques représentent une alternative éprouvée.
Aﬁn de permettre à une vingtaine de
passagers de découvrir ses parcs, il a lancé
dès 2011 un chaland de 12 mètres propulsé
par un moteur de 10 kW. « C'est mon outil de
travail préféré : puissant, maniable et silencieux,
il exige peu d'entretien », se félicite Ivan Selo
qui veut désormais aller plus loin. Son pro-

jet a été conçu avec l'architecte naval Loys
Leclercq du cabinet L2O. Il s'agit d'une
barge de travail de 14 mètres capable
d'embarquer jusqu'à dix tonnes d'huîtres.
« La carène a été dessinée de manière à limiter
au maximum la consommation énergétique »,
résume Loys Leclercq. Équipé de batteries
de 55 kWh et propulsé par trois pods de
10 kW, le navire pourrait effectuer ses marées journalières en toute autonomie et atteindre une vitesse maximale de 7 nœuds.
Même s'il est amorti sur le long terme,
le coût de départ reste néanmoins un
frein. Plus de 150 000 euros le navire, près
du double si on y ajoute les études. Loïg
Chesnais-Girard s'est montré favorable
à « dé-risquer » le projet pour mieux encourager les professionnels à suivre cet
exemple.
B. T.

Les moules de Pénestin au
patrimoine de la France. Après
l'obtention en 2016 de l'appellation
spécialité traditionnelle garantie (STG)
pour les moules de bouchot, celle de
Pénestin fait partie depuis le 14 octobre
du patrimoine culturel immatériel de la
France. Ce projet d'adhésion avait été
porté l'an dernier par la fédération des sites
remarquables du goût, dont la moule de
bouchot de Pénestin avait obtenu le label
en 2013, en partenariat avec la mairie de
Pénestin et la confrérie des bouchoteurs.
Des savons à base de byssus.
Après deux ans de travail, la Concarnoise
Lucie Mandras, 25 ans, vient de lancer
une gamme de savons qui exploite les
propriétés exfoliantes du byssus des moules.
Favorisant une transition écologique et des
circuits d'approvisionnement courts, Eïos
marine, son entreprise, a réuni 3 000 euros
pour produire un premier lot de 200 savons
de 100 g.

Cultures marines n°341 Novembre 2020

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