Cultures marines n342 - 35

DÉCRYPTAGE 35
Grâce au temps partagé,
les entreprises gagnent en ﬂexibilité,
expertise et maîtrise des coûts.

Haude-Marie Thomas

Temps partagé

Un salarié pour deux entreprises
Avec des saisonnalités distinctes, deux entreprises arrivent à se partager
un salarié au profil bien spécifique.

n technicien de maintenance électromécanicien
est désormais salarié de
deux entreprises conchylicole de la baie du mont Saint-Michel,
Mytilimer et la famille Beaulieu. « En
février, un technicien de maintenance avec
un proﬁl plus junior a quitté l'entreprise,
explique Jean-Charles de Zutter, directeur général de la société Famille
Beaulieu. Au moment de le remplacer, nous avons établi que, sur ce poste,
nous pouvions partir sur un volume
horaire moindre mais avec un proﬁl
plus pointu. » Même diagnostic chez
Mytilimer où l'alternant formé sur ce
poste venait de rejoindre une autre
entreprise. « Comme le volume horaire
annuel est réduit, notre budget est moins
impacté par un proﬁl plus expérimenté », indique Marion Le Provost, responsable ressources humaines, qui
précise que, vu la pénurie d'emploi
sur ce proﬁl, il aurait de toute façon
été très compliqué de recruter un
mi-temps.

COMPLÉMENTARITÉ

Mytilimer avait déjà cherché à mettre
en place un temps partagé mais
n'avait pas trouvé d'âme sœur pour
compléter ses besoins. Or, cette foisci, les deux entreprises, situées à dix
minutes l'une de l'autre, afﬁchent
des besoins complémentaires grâce
aux saisonnalités distinctes de la mytiliculture et de l'ostréiculture.

Avec un groupement d'employeurs, Atouts, au sein duquel
Mytilimer était déjà très actif, ils établissent un planning composé d'une
plage longue de trois mois pendant
la haute saison ostréicole, suivie d'une
période plus segmentée comprenant
des alternances par semaine ou quinzaine et des congés pour le salaIL FAUT
rié, puis trois mois à temps plein
PRÉVOIR LE
pendant l'été, la haute saison chez
PLANNING
Mytilimer. « Il faut organiser le planDU SALARIÉ
ning du salarié en commun, à l'avance,
À L'AVANCE. » et accepter qu'un besoin ponctuel hors
période prévue ne puisse être satisfait »,
explique Jean-Charles de Zutter.
L'employeur n'a pas à se soucier du
volet social du salarié puisque c'est le
groupement d'employeurs qui s'en

occupe et refacture aux entreprises
concernées. « Cela a un coût, bien sûr,
mais cela simpliﬁe les choses », précise le
directeur général de Famille Beaulieu.
EMBAUCHE

Et, même si le groupement gère
la relation employeur, le salarié est
bien engagé sur la durée, à l'issue
d'une période d'essai, avec les entreprises. « Et réciproquement », souligne
Jean-Charles de Zutter. Les deux entreprises ont fait le pari qu'à terme,
l'une d'entre elles pourrait embaucher ce salarié à temps plein. « À plus
court terme, ce dispositif permet aussi
de conserver ces proﬁls sur notre bassin
d'emploi », précise Marion Le Provost.
Haude-Marie Thomas

[ Le contrat de mise à disposition
Dans le cas d'un temps partagé, le salarié
est engagé par une entreprise de mise en
relation ou un groupement d'employeurs. Il
n'a donc qu'un seul employeur et une seule
ﬁche de paie. Il signe un contrat de travail
à durée indéterminée et un autre de mise
à disposition lie son employeur aux entreprises où il effectuera ses missions. La facture
adressée aux entreprises regroupe les frais
avancés pour la rémunération et ceux liés à
la prestation pour la mise à disposition. La rémunération du salarié ne peut être inférieure
à celle d'un salarié de l'entreprise occupant

un emploi similaire ou aux qualiﬁcations
équivalentes et le contrat de mise à disposition ne peut interdire à l'une des entreprises
de l'embaucher par la suite.
Selon le baromètre 2020 du travail à temps
partagé, la majorité des professionnels recrutés sont aguerris (79 % ont plus de 40 ans)
avec une ancienneté limitée dans le dispositif de temps partagé (76 % depuis moins
de cinq ans). Les entreprises répondantes
ont mis en avant l'avantage de la ﬂexibilité
(28 %), de l'expertise plus pointue (25 %) et
une meilleure maîtrise des coûts (20 %).

Cultures marines n°342 Décembre 2020 - janvier 2021

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