Cultures marines n342 - 7

ACTUALITÉS

Reconfinement

Le prix du gros décroche
Les huîtres se vendent bien sur les marchés en ces temps de reconfinement. Le marché traditionnel,
lui, est très fortement perturbé par la fermeture des restaurants. Mais à l'approche de la fin d'année
la question centrale n'est plus tellement celle de la consommation, c'est celle des prix.

RESTAURANTS

La fermeture des restaurants est « dramatique, afﬁrme Vincent Aimard, qui exploite
trois hectares en Normandie. Elle a plus
d'impact que ce que je pensais. Je livre toute
ma production et je dois être à un tiers de
mon activité habituelle ». Les ostréiculteurs
positionnés sur ce créneau de distribution
« souffrent énormément, conﬁrme Laurent
Chiron, président du groupement qualité
Marennes - Oléron. Et pas seulement les petites entreprises. »
De manière plus générale, les éleveurs
purs grincent des dents. « Je n'ai jamais
vu une campagne aussi compliquée en termes
de prix », grimace le Morbihannais JeanFrançois Taugé, qui écoule toute sa production en gros. Si les négociations avec

Loïc Fabrègues

i le début de l'année a été marqué
par une forte baisse de la consommation, l'entrée dans la saison hivernale se distingue par un écroulement du prix de gros. Suite à la pollution
au norovirus de l'hiver dernier et à la
couverture médiatique associée peu valorisante, les ostréiculteurs craignaient que
l'image de l'huître soit durablement dégradée. Ils ont été rassurés de voir que depuis
cet été et plus encore pendant le reconﬁnement, les amateurs d'huîtres étaient au
rendez-vous. « La vente au détail fonctionne
bien, atteste Pierre-Fernand Guyomard,
installé dans le Morbihan. On a le soutien
de notre clientèle, qui joue le jeu. » Directrice
du comité régional conchylicole des Pays
de la Loire, Marion Petit conﬁrme : « On
sent un engouement des consommateurs pour
les circuits courts, les gens sont conﬁnés mais se
font plaisir en mangeant. »
La vente directe afﬁche ainsi 15-20 %
parfois 25 % de hausse depuis le reconﬁnement. Les poissonneries tournent
bien. Les GMS annoncent aussi des bons
chiffres aux rayons poisson, toutefois pas
toujours conﬁrmés par les ostréiculteurs
qui regrettent des ﬂux un peu mous avec
les grandes surfaces. Pas de désaccord en
revanche en ce qui concerne le marché
traditionnel, directement lié à celui de la
restauration, qui est à l'arrêt.

Les ostréiculteurs se préparent pour un Noël inédit.

les grandes et moyennes surfaces ont L'insatiable appétit de quelques expédiabouti à un léger tassement des cours, teurs qui cherchent à tout prix à gagner
« une poignée d'opérateurs a failli déstabiliser des parts de marché ? L'abnégation des
éleveurs qui doivent rentoute la ﬁlière », constate
Laurent Chiron. « C'est bien
UNE POIGNÉE trer de la trésorerie ? La
ﬁlière va devoir trouver
dommage qu'on dévalorise le D'OPÉRATEURS
des explications, et tirer les
produit, commente Philippe A FAILLI
enseignements de cette
Le Gal, président du Comité DÉSTABILISER
saison si particulière. « La
national de la conchyliculture. TOUTE
profession souffre de n'avoir
Je ne comprends vraiment pas le LA FILIÈRE. »
une meilleure organisation,
décrochage du prix de gros. » « Il
y a toujours des variations mais le problème, estime Laurent Chiron. On doit mieux
c'est la brutalité de la dégradation », reprend identiﬁer qui fait quoi pour se structurer
davantage. »
Jean-François Taugé.
« Il va falloir travailler plus sur la diversiENSEIGNEMENTS
ﬁcation de nos produits et sur la périodicité
Les habitudes seront peut-être bous- des ventes », complète Philippe Le Gal.
culées mais les ostréiculteurs semblent Ceux qui n'ont pas vendu cet été payent
conﬁants, les Français mangeront des aujourd'hui un lourd tribut, d'autant que
huîtres à Noël. Alors pourquoi cette la pousse n'est pas au rendez-vous et que
brusque chute des prix ? L'excuse du re- certains bassins observent un décalage de
conﬁnement ? La singularité de ces fêtes croissance, qui complique encore un peu
en pleine pandémie ? Le manque de vi- plus la commercialisation à Noël.
sibilité ? L'absence de précommandes ?
Marion Larronde-Larretche

Cultures marines n°342 Décembre 2020 - janvier 2021

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Cultures marines n342

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