Produits de la mer - n°173 - juin 2017 - 48

Dossier ❘ CRUSTACÉS

Tourteau : l'Asie stimule...
et ferme le marché !
Le tourteau est particulièrement
apprécié en Chine.
Mais cet immense marché
s'est fermé tantôt pour les Irlandais,
tantôt pour les Français.
De quoi déstabiliser les opérateurs.

Les captures
de tourteaux
France :

6 500

de captures

L.F.

résent de la Norvège jusqu'au sud
du Maroc, mais essentiellement
pêché au Royaume-Uni, en Irlande
ou en France, le Cancer pagurus est particulièrement apprécié par les
consommateurs chinois. Un appétit qui
a boosté le marché au cours de la décennie, mais qui met parfois les opérateurs
sur les dents. Pierre Bizien, Dg de Global
Seafood, déplore le nouvel embargo de
la Chine : « Nous devons nous repositionner
sur le marché européen : Portugal, Espagne,
Italie... Comme nous sommes sur un marché de pénurie, ce mouvement n'a pas été
trop problématique. Mais à l'avenir, nous
devons prendre en compte ce risque. Ne pas
tout miser sur la Chine et l'Asie, mais jouer la
carte de la diversification. »
Mais pourquoi l'empire du Milieu a-t-il
fermé ses portes au tourteau commun ?
La raison : le taux de cadmium, calculé de
façon différente en Europe et en Chine,
serait trop élevé. La Chine l'estime en
fonction des chairs blanches et brunes,
où le cadmium a tendance à s'accumuler, quand l'Europe ne prend en compte
que la chair blanche. Il y a quelques

Europe :

40 000

dont 22 000 t pour
les îles Britanniques

années, le marché se fermait pour les
mêmes causes aux Britanniques, donnant
de l'oxygène aux exportateurs français.
Un supplice chinois avec lequel il faudra
compter, à moins que la mission créée par
FranceAgriMer ne fasse évoluer en bien
le dossier... ou de ne pas mettre tous ses
crabes dans le même casier.
Avec un chiffre d'affaires réalisé à l'export
de 35 %, la maison Béganton, reprise par
Mericq, est confrontée à l'embargo. « Cette
fermeture nous contrarie, bien sûr, explique
Erwan Dussaud, responsable commercial, car nous nous y étions investis depuis
quelques années. Mais heureusement, nous
n'avons pas basé notre croissance sur ce seul
marché et nous n'avons pas délaissé nos
clients européens. »

Néanmoins, tous s'accordent pour dire
que les opportunités de valorisation du
crustacé sont particulièrement prometteuses dans le grand Est. En France, ceux
qui en pincent pour le crabe sont principalement installés dans l'Ouest. C'est dans
cette partie de l'Hexagone que le dormeur s'achète le plus, ce, à 75 % dans les
grandes surfaces, à des prix variant de 3,50
à 5 €/kg. « Un niveau qui semble déconnecté
de la pression actuelle et de la valorisation
possible sur le marché mondial..., analyse
Pierre-Yves Bizien. En Chine, il y a 90 millions de millionnaires ! » Que la multiplication des connexions aériennes directes
permet de toucher plus facilement.
En attendant une clarification de la position chinoise sur les possibilités d'exporta***

Irlande : l'île aux crustacés
n Europe, l'Irlande occupe la troisième marche
du podium concernant les captures de crustacés : langoustine, homard, étrille et tourteau. Avec
7 000 tonnes de captures, soit 15 % des débarques
européennes, le dormeur génère à lui seul 10 millions d'euros de chiffre d'affaires. Prise accessoire
jusque dans les années quatre-vingt, le crabe est
devenu une ressource essentielle pour de nombreux
pêcheurs, avec la montée en puissance des transformateurs. Notamment Errigal Bay, qui fut l'un des
premiers à le pasteuriser avec le succès que l'on sait.

L.F.

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PRODUITS DE LA MER N°173 JUIN 2017

Depuis, cuit, emballé sous vide et pasteurisé ou surgelé, le tourteau irlandais n'a de cesse de conquérir
les marchés. Les transformateurs tentent d'augmenter les rendements...
Ses stocks se doivent d'être gérés pour être
durables. Les acteurs de la filière se sont engagés dans
un Fishery Improvement Project (FIP) qui pourrait, à
terme, conduire à une certification MSC. La filière se
veut exemplaire, elle pourrait servir de modèle pour
valoriser d'autres espèces comme l'étrille, dont les
débarques augmentent sur les côtes irlandaises.

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