produits de la mer - n°187 - Novembre 2018 - 21

Actu ❘ FOCUS BRETAGNE

Les ÉCH S des PROS
Attente et incertitudes pour Brest Marée
L'essentiel des quelque 200 tonnes que je traite provient
"
de la pêche côtière. Je travaille forcément avec quelques

B.T.

opérateurs écossais qui m'assurent que rien ne va changer
fondamentalement avec le Brexit. Mais c'est plus un sentiment qu'une certitude. Aujourd'hui, le principal problème
est que nous sommes sans visibilité, dans le brouillard le plus
complet. Alors que l'échéance approche, les nouvelles règles
du jeu nous restent étrangères. Et sans réel accord entre les
parties, on peut anticiper un repli des gros opérateurs
sur le marché domestique avec de réelles tensions
sur nos approvisionnements en criée. »
Jean-René Cadalen, gérant de Brest Marée

Crainte d'une double peine pour Hent ar Bugale

La situa
situation actuelle rend impossible tout espoir de se
projeter et d'
d'investir. Sur les six navires de notre flottille, une
moitié tra
travaille l'hiver autour du cap Lizard pour assurer
environ 20
20 % de ses captures. Nous risquons donc de voir
s'échappe
s'échapper une partie de nos ressources, mais pas autant
que plusieurs armements costarmoricains dont les chalutiers
fileyeur dépendent fortement des côtes britanniques.
et fileyeurs
La v
vraie menace, c'est que leur effort de pêche soit
re
reporté sur nos zones habituelles, accentuant de
fait la pression sur les stocks. »

B.T.

Serge Guyot, président
de l'armement Hent ar Bugale

Les bases avancées de lla
a Scapêche
Scapêche e
en
nq
question
uestion
Sans parler de l'accès aux zones de p
pêche,
êche, la perspective du Brexit
"
nous place dans une situation délicate parr rapport à nos bases
ande. Le poisson que nous
avancées, que ce soit en Écosse ou en Irlande.
n et par ferry à Roscoff,
pêchons est rapatrié à Lorient par camion
Cherbourg ou Caen, avec généralement un passage obligé par
l'Angleterre. En cas de réorganisation de nos lignes logistiques,
ances et temps
nous risquons une augmentation des distances
c un produit
de transport difficilement compatible avec
vec notre
ultrafrais comme le poisson, mais aussi avec
équilibre d'exploitation. »
Jean-Pierre Le Visage, directeur de la Scapêche
apêche
B.T.

de 1 000 tonnes par an. Crustacés, lingue
franche, merlan, cabillaud et même baudroie pourraient venir à manquer, fragilisant les criées certes, mais aussi l'aval de la
filière, mareyeurs en tête.
Car même si l'import peut se renforcer,
avec des cours des matières premières dont
les taux de change compenseront les droits
de douane, la question est : dans quelles
conditions ? Les barrières douanières non
tarifaires pourraient faire perdre du temps
dans un univers du frais où l'urgence est
de mise. Pour l'aval de la filière, l'interrogation est presque moins de préserver un
accès aux stocks pêchés dans les eaux britanniques que d'optimiser et sécuriser la
chaîne d'approvisionnement, en maintenant l'attractivité des halles à marée.
« Il faut qu'elles apportent une plusvalue aux pêcheurs pour les inciter à
débarquer leurs produits dans la région »,
insiste Pierre Karleskind. Devenir une
place de marché compétitive, attirant des
acheteurs d'ici et d'ailleurs pour assurer
des prix de première vente à la hauteur
ur
des ambitions des pêcheurs est l'une des
es
missions assignées au groupement interrportuaire (Gip) Pêche de Bretagne créé au
u
début de l'été. Son directeur, Yves Guirriec,
c,
ancien responsable de la criée de Lorient,
t,
mise pour réussir sur « l'amélioration des
es
informations transmises aux acheteurs,
s,
tant en termes de lisibilité que de fluiidité ». Le Gip va donc soutenir l'extension
n
de l'usage de la plateforme logiciellee
Tracabapp dans les différentes criées dee
Bretagne, à commencer par Roscoff et
Brest. Développée par l'Association breetonne des acheteurs des produits de la
pêche (Abapp), elle permet de collecter
et de transmettre de façon quasi automatique les données de pêche nécessaires à la
constitution des lots.
Mais son efficacité dépendra aussi de
la capacité des criées bretonnes à harmoniser les méthodes et les critères de tri.
« C'est inacceptable d'avoir des appréciations variables d'une criée à l'autre
lorsque l'on parle de taille ou de fraîcheur
d'un poisson », s'indigne en effet Jennifer
Leroux, responsable filière pour l'Abapp.
« Malheureusement, c'est parfois le cas »,
avoue Yves Guirriec. Pour corriger le tir,
un groupe de travail doit donc livrer, d'ici
la fin de l'année, une base de données
cohérente. Elle sera largement partagée
dans le cadre d'un important volet formation auprès des employés de marée, des
criées, etc.

PRODUITS DE LA MER N°187 NOVEMBRE 2018

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