produits de la mer - n°187 - Novembre 2018 - 37

Dossier ❘ NORVÈGE

Des expérimentations
sur tous les fronts
La sélection génétique planche également sur des saumons plus résistants
au pou et les sociétés spécialisées en
santé animale mènent de nombreuses
recherches sur un vaccin contre le parasite. Pour réduire l'impact des traitements
chimiques par bain, le projet CleanTreat
mené par Benchmark vise à neutraliser les
composants médicaux après épouillage.
L'eau de traitement sera propre lorsqu'elle
retourne à la mer. De leur côté, les fabricants d'aliment développent des solutions.
Cargill (Ewos) teste une formulation modifiant l'odeur du mucus afin d'empêcher la
fixation du pou.
Les systèmes consistant à isoler les poissons à terre, dans des enceintes fermées en
mer ou carrément au large, sont très gourmands en capitaux. Mais ils suscitent, là
encore, de nombreux projets pour échapper aux poux. Avec de nouvelles licences
à la clé, tous les ténors de la production ont engagé des programmes d'élevage offshore ou de cages submersibles.
« Cela pose toutefois la question des
coûts de production dans des structures
où les densités sont très élevées », estime
Jan Brekke, un éleveur de flétan dans le
Sognefjord. La voie la plus prometteuse, et
qui suscite de nombreux investissements,
est l'aquaculture à terre en eau recirculée (RAS) pour élever de plus gros smolts
afin de limiter l'exposition aux poux après
transfert en mer. Mais le pilotage de ces
élevages, où tous les paramètres - température, lumière, salinité, oxygène, pH -
sont contrôlés, implique des règles strictes
de biosécurité et du personnel formé. ■

Des smolts plus grands

Chez Strømsnes Akvakultur, une écloserie du
groupe Blom Fiskeoppdrett, le passage au
système en eau recirculée (RAS) doit permettre
de produire des smolts de 600 grammes dans
les trois ans. « Mais la restructuration en RAS
sera progressive car il faut tester cette technique
qui demande une certaine expérience. Nous
allons démarrer avec un pilote d'une capacité de
9 tonnes. L'avantage du système est l'économie
d'eau et le meilleur contrôle des températures »,
souligne Klaus Nyhammer, un des responsables
techniques. Le site produit aujourd'hui 5 millions
d'alevins. Comme tous les producteurs de
smolts, Strømsnes doit obligatoirement vacciner
les poissons avant transfert en mer.

Pilote RAS en cours de travaux chez Strømsnes.

Génétique : un travail de fourmi
L'an prochain, la nouvelle station de SalmoBreed, à Salten, pourra produire
150 000 œufs sélectionnés. Les géniteurs seront en partie stockés en RAS et le
niveau de biosécurité sera maximal avec cinq zones totalement séparées. C'est là
que le département génétique du groupe Benchmark détient une grande partie
de ses meilleurs reproducteurs. Le fruit d'un travail réalisé au départ sur le second
site de SalmoBreed, à Lonningdal, où 350 familles sont produites par an. La plupart
des poissons tests ne seront jamais en contact direct avec la mer pour éviter tout
risque. Les alevins représentant chaque famille sont identifiés par un tag et affectés
de façon très sélective pour Salten. Les autres serviront à des tests de résistance aux
maladies, de croissance, de rendement en chair, de couleur ou de stérilité du saumon.
Les tests peuvent porter sur plusieurs critères simultanément. « Un travail de fourmi
appliqué pendant des années avec des technologies coûteuses. Des travaux portent
aussi sur la capacité d'un saumon à produire des oméga 3 avec un aliment riche
en végétal ou encore sa capacité à résister aux poux », explique Birgitte Sorheim,
directrice marketing de Benchmark Genetics.
La holding Benchmark détient aussi en Islande la société Stofnfiskur, qui exporte
des œufs sélectionnés de saumon ainsi que des smolts et des alevins de lompe.
Partenaires de plusieurs producteurs qui collaborent aux travaux, SalmoBreed définit
aussi des programmes spécifiques avec Lerøy et SalMar Genetics.
Grâce à la sélection par famille
et individuelle, le poids à l'abattage
a augmenté de 3 kg en quatre
générations, sur 16 ans. Autre résultat,
la densité de poux a été réduite
de 12 % en trois générations.
La sélection génomique permet
maintenant d'accroître la précision
et le gain génétique, en particulier
sur la résistance aux maladies.
Birgitte Sørheim, directrice marketing
de Benchmark Genetics,
devant un bassin d'animaux tests.
DR

teurs repèrent les poux ou les ulcères sur
la peau et le saumon touché est mis en
quarantaine pour un traitement. Le fait
de détecter précisément le problème plus
tôt réduit les mortalités. Le balayage par
des capteurs associé au traitement numérique des informations débouche sur des
bases de données qui serviront d'aide
à la décision. L'historique de l'état sanitaire de la biomasse communiqué chaque
jour aux autorités par les éleveurs est une
mine exploitable pour analyser les facteurs
récurrents de parasitage et agir en conséquence. C'est l'objectif d'AquaCloud,
dont le projet pilote permet d'anticiper
le développement des poux une à deux
semaines à l'avance.

PRODUITS DE LA MER N°187 NOVEMBRE 2018

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