produits de la mer - n°192 - Mai 2019 - 91

Dossier ❘ TRUITE

La Bretagne ne demande qu'à produire
La truite bretonne compte
sur les systèmes en eau
recirculée pour pouvoir
se développer.

L.F.

vec une cinquantaine de sites et
quelque 6 500 tonnes de production, la Bretagne compte
dans l'offre française. Ses possibilités de développement passent par
des gains de productivité sur des sites
existants grâce aux systèmes en eau
recirculée. Aquadis Naturellement s'est
déjà engagé dans cette voie dans sa
pisciculture du Moulin Neuf à Pleyben
(Finistère) et la Coopérative des aquaculteurs bretons planche sur la réhabilitation de l'ancienne pisciculture Chevance
à Poullaouen (Finistère). « Le projet a du
sens aux yeux des pouvoirs publics qui
sont réceptifs à une relance de la production sur ce site historique de la pisciculture bretonne. L'objectif porte sur 400
à 500 tonnes en eau recirculée à partir
d'un forage et d'une prise extérieure.
L'idée serait d'utiliser une partie des bâtiments pour l'alevinage et le prégrossissement. La fin du cycle de croissance
s'effectuant en bassin à l'extérieur »,
explique Dominique Charles, directeur
de Bretagne Truite.
Initiatrice du projet, la coopérative bretonne a constitué un groupe de travail
qui s'est déplacé en Norvège et bientôt
au Danemark pour visiter des élevages en
eau recirculée. « Certains de nos adhérents
expérimentent déjà le système semi-fermé

à petite échelle sur l'alevinage. Il est important de procéder par étapes pour se familiariser avec de tels outils », ajoute Dominique
Charles. L'exemple norvégien montre qu'il
ne suffit pas d'appuyer sur un bouton pour
faire fonctionner un système en recirculation. Cela nécessite un personnel formé et
un suivi strict des paramètres de rejets et de
qualité d'eau pour éviter les déboires. La station Inra de Sizun (Finistère) épaule les pisciculteurs dans la mise au point des schémas
d'élevage et l'échange de savoir-faire sur les
systèmes en eau recirculée.
Fait commun à toutes les régions,
la trutticulture bretonne s'est concentrée autour de pôles de transformation.
Aquadis Naturellement et Bretagne Truite
concentrent plus de 80 % de la production
et la quasi-totalité de la découpe et de l'expédition vers les grands circuits de distribution. Sur le terrain commercial, la segmenta-

Français sur 5
consomme de la truite
fraîche, soit + 30 %
en 5 ans.

Français sur 3
consomme de la truite
fumée, soit + 50 %
en 5 ans.
Source : Kantar WorldPanel

Jean-Paul Le Ribault,
directeur d'Aquadis
Naturellement,
pionnier de la
trutticulture en RAS
en France.

tion de l'offre change peu. Le marché de la
portion et de la truite d'1 à 2 kg pour le filet
a trouvé son équilibre en frais dans les GMS
et chez les grossistes. Chez Bretagne Truite,
l'évolution de la production entre 2009
et 2018 est significative. La truite portion
est passée de 900 à 500 tonnes. La grosse
(1 à 2 kg) descend de 1 100 à 600 tonnes.
Alors que la très grosse (3 kg) fait un bond
de 900 à 3 300 tonnes. « La vraie difficulté, résume Dominique Charles, est de
suivre la demande de truite fumée. J'ai bon
espoir de pouvoir fournir davantage de très
grosses truites si le projet Chevance aboutit.
Ce serait déjà une amorce de solution au
manque de produit. Ne pas laisser d'appel
d'air à l'importation alors que les consommateurs sont très attachés à l'origine française de la truite est de la responsabilité des
pouvoirs publics. »
Bruno VAUDOUR

France is short of trout

L.F.

Smocked trout from
Norway and Spain.

or the first time in 2018, the French trout trade balance is in deficit in terms of value,
with imports exceeding exports: 46.1 million euros versus 32.9 million euros. On the
other hand, the quantities exported (7,953 tons) exceed those imported (7,344 tons). "As
regards exports, the volumes mainly concern the restocking market with a less valorized
live trout under 3 euros/kg," FranceAgriMer explains. While French imports deal primarily with fresh whole trout suitable for cutting and therefore more expensive. They also
increased by 23% in volume last year, driven by the Spanish trout (+48%). Which "now
accounts for 90% of fresh trout imports," FranceAgriMer underlines. The trend is similar
for frozen trout (+25% in quantities) due to the breakthrough of Spain.
There remains the smoked trout, the imports of which increased by 160% last year with
more than 1,000 tons coming from Poland.

PRODUITS DE LA MER N°192 MAI 2019

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