produits de la mer - n°196 - Octobre 2019 - 48

Dossier ❘ THON

Direct Océan se fie à

l'Indonésie

La durabilité, ce n'est pas
qu'une question de label,
mais aussi de confiance.

S.L.R.

'est le crédo de Benoît Lamblin,
importateur à Boulogne-surMer chez Direct Océan : accompagner dans le temps des partenaires locaux. Il s'approvisionne en thon
auprès d'Intimas Surya, avec deux pêcheries concernées : la pêche artisanale à la
ligne en mer de Banda et la pêche semiindustrielle à la palangre dans les océans
Indien et Pacifique.
Intimas Surya, avec six usines en
Indonésie, est à l'initiative d'un Fip sur
l'albacore pêché à la ligne en mer de
Banda avec le soutien des ONG IPNLF
(International pole and line foundation,
Royaume-Uni), SFP (Sustainable fisheries
partnership, États-Unis) et Lini (Indonésie).
L'archipel de Banda compte environ
200 bateaux, embarquant chacun un à
quatre marins sans grande habitude de
la paperasse... « Une des grandes missions a été l'enregistrement des navires
pour officialiser la pêche et déclarer les

Aming Jorgih et Benoît Lamblin : une confiance nouée sur le terrain.

captures », raconte Aming Jorgih, directeur d'Intimas Surya. Cette petite flottille capture quelque 600 tonnes, « alors
qu'un senneur peut capturer 100 tonnes
en un coup de senne », compare Benoît
Lamblin. Intimas Surya fournit les pêcheurs
en glace et achète leur thon congelé à bord
de son navire à - 30 °C. « Nous n'avons
pas le monopole, c'est un marché ouvert,
souligne Aming Jorgih. Ça a été long de
convaincre les pêcheurs de privilégier la
qualité et la traçabilité. Maintenant ils sont

Tropic tire la pêche vers le haut au Sri Lanka

S.L.R.

Le thon, pêché au filet et à l'hameçon, pèse 57 % des captures au Sri Lanka.
Tropic, leader, achète une bonne part du thon albacore et patudo, de
l'espadons et de la dorade coryphène, des ligneurs et palangriers. « Il n'y a
pas de capture accidentelle », assure Anushka Dissanayake, qui défend aussi
la traçabilité et la lutte contre la pêche illégale. Tropic expédie 1,3 million
de tonnes, du thon à 70 %, frais et surgelé. L'Europe
en absorbe 38 %, la Pologne en tête, suivie des ÉtatsUnis (35 %) et du Japon. « Le thon et l'espadon
sont certifiés Friend of the Sea depuis 2018.
Pas encore MSC, mais on nous le réclame. C'est
en projet. » Un Fip couvre la pêcherie
nationale d'albacore, patudo et espadon
de palangre. Tropic mène aussi depuis
2018 un programme de conservation de
l'albacore, avec de la reproduction en mer,
pour le repeuplement. « Les juvéniles sont
dispersés à trois semaines. »
Objectif : en relâcher 20 millions d'ici fin
2020. Et leur laisser le temps de grandir.

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PRODUITS DE LA MER N°196 OCTOBRE 2019

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t
concernées par le Fip
sur l'albacore de ligne
en mer de Banda.

cts/kg
de valorisation
attendue avec le MSC.

soucieux de la durabilité. » Un point crucial pour lui comme pour Benoît Lamblin :
« Il faut payer le bon prix, qui donne la
possibilité aux pêcheurs de vivre dignement de cette petite pêche artisanale. »
Direct Océan souhaite acheter une bonne
partie des longes ou steaks congelés d'Intimas Surya provenant de cette pêcherie.
L'évaluation MSC est en cours, avec déjà
une enseigne prête à s'engager, en bout
de chaîne, pour valoriser le thon labellisé.
Intimas Surya et sa flotte de 27 palangriers-congélateurs de 20 à 30 mètres est
aussi impliquée avec quatre autres sociétés
dans un Fip sur le thon albacore et obèse
indonésien pêché dans l'est de l'océan
Indien. Mais ce Fip stagne, faute de pouvoir rassembler toute la pêcherie.
Ici, pas d'esclavage comme parfois
dénoncé, assure Aming Jorgih. Ces unités, qui réalisent des marées de trois à
six mois, « embarquent des Indonésiens
avec de bonnes conditions de travail et
de bons salaires ». Des clients aux ÉtatsUnis, au Royaume-Uni ou au Japon
exigent des garanties de commerce équitable. Benoît Lamblin, lui, se fie à ce qu'il
a vu : « Des pêcheurs satisfaits et heureux d'embarquer. » ■

Esro trace le made in Vietnam
Esro, importateur aux Pays-Bas, est spécialisé dans les
produits du Vietnam, où il travaille avec Hai Vuong.
« Nous achetons du thon de haute qualité, tracé, de senne
ou palangre, non traité, et en partie certifié MSC », décrit
Ben Sanders, responsable achat et vente de produits
de la mer chez Esro. Leur marque, Blue World,
valorise l'albacore et le listao MSC. Esro
achète les conserves et a sa propre ligne pour
le skin pack. Sa clientèle est surtout en Europe
- Suisse et Allemagne en tête - avec des
produits finis et de la matière première pour
l'industrie. Après 2 000 tonnes pour 25 millions
d'euros en 2018, Esro
devrait atteindre
35 millions en 2019.
Une belle progression
« en lien avec notre
stratégie de qualité
R.
S.L.
et de transparence ».

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