produits de la mer - n°199 - Février-Mars 2020 - 48

Dossier ❘ PROCESS ET CONDITIONNEMENT

Conditionnement : la filière s'emballe !

ne vidéo réalisée par le journal
Le Monde éclaire le sujet : la moitié
des déchets des Français concerne
du plastique. 70 % sont stockés
en décharges ou jetés dans la nature, 14 %
incinérés et le reste est recyclé. À l'échelle
de la planète, seuls 10 % des 78 millions
de tonnes de plastique produites chaque
année sont recyclés. Face à des chiffres
qui font désordre à l'heure des injonctions
au zéro déchet et à la diminution de l'empreinte carbone, les législateurs montent au
créneau (responsabilité élargie des producteurs, lois Egalim, sur les plastiques à usage
unique, relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire...). Des objectifs s'imposent - parfois contradictoires -
comme atteindre 60 % de taux de recyclage
des plastiques d'ici 2030, voire même interdire les emballages en plastique à usage

D.G.

Les préoccupations
écologiques placent
la problématique de
l'emballage alimentaire
au cœur des débats.
L'industrie du plastique
est particulièrement
incriminée, alors que
l'océan ne semble plus
avoir d'autre fonction que
de charrier ses déchets.
Du coup, la filière cogite
tous azimuts...

unique en 2040, tout en stimulant les écoorganismes, pour mieux recycler (maximisation des taux de collecte, consigne ou non
des bouteilles plastique, collecte séparée des
biodéchets et compostage industriel...).
Selon le Comité technique pour le recyclage des emballages plastique (Cotrep), à
ce jour, les centres de tri français traitent les
bouteilles et flacons (PET, PEHD, PP (1)) en
attendant les pots et les barquettes monomatériau (PET, PE, PP), les pots en PS, ainsi
que les films mono-PE. En France, l'unique
matériau qui peut être réutilisé dans des
emballages à contact alimentaire est le PET.
Même si le recyclage ne permet pas d'utiliser la matière à l'infini, car la consommation de nouvelles ressources à chaque cycle

%
des 78 millions
de tonnes de plastique
produites par an au
niveau mondial sont
recyclés.

Fleury Michon : la révolution du bois

leury Michon, le spécialiste vendéen des plats cuisinés, se démarque tout
en restant fidèle à sa réputation d'innovateur. Il lance une gamme qui
passe par de nouveaux process, de nouvelles recettes et un conditionnement
en bois de ses portions individuelles. Ce qui implique une réduction de 80 %
du recours au plastique. Ses gratins sont désormais cuits au four avec une
pasteurisation ouverte. La nouvelle ligne a nécessité un investissement de
7 millions d'euros et avale plus de 3 500 barquettes à l'heure. Celles-ci sont
en peuplier déroulé (certifié PEFC) et glissées dans un sachet flowpack thermorétracté. Un conditionnement cinq fois plus cher que le plastique, avec
lequel Fleury Michon entend rester leader du rayon.

est inévitable, les industriels ne laissent pas
passer le train. Vittel (Nestlé) a ainsi lancé la
première bouteille en rPET (PET recyclé). Et
Faerch propose des barquettes alimentaires
dans ce même matériau.
Le climat antiplastique a des répercussions concrètes : 40 % des entreprises adhérentes à Elipso (qui réunit les entreprises de
l'emballage plastique) déclarent avoir vu
leur chiffre d'affaires baissé en 2018-2019.
L'association s'inquiète des conséquences
d'une éventuelle interdiction complète
alors qu'une enquête confirme une utilisation croissante de plastique recyclé et de
matières biosourcées. Ainsi, en 2019, trois
sources de matières premières sont utilisées
pour fabriquer les 2,2 millions de tonnes
d'emballages plastique (1,1 million dans
l'emballage ménager et autant dans l'emballage industriel et commercial) mises sur
le marché français chaque année : 82 % des
matières premières sont vierges ; 14,5 %
d'origine recyclée (soit 320 000 tonnes, en
hausse de 20 %) et 3,5 % sont d'origine
biosourcée (soit 79 000 tonnes, en hausse
de 80 %).
Raccord avec le législateur, la grande distribution n'hésite pas à multiplier les messages sur des engagements fracassants
et met la pression sur ses fournisseurs.
Carrefour ou Leclerc affirment viser 100 %
d'emballages recyclables, réutilisables ou
compostables d'ici à 2025.
Le plastique n'est plus du tout fantastique, donc. Mais quid des autres
matériaux, parfois séduisants mais qui
demandent une analyse complète de leur
cycle de vie ? Ainsi, verre et métaux sont
globalement très énergivores. Après avoir
forcé sur la fragmentation des produits et
donc la multiplication des emballages sous
prétexte de foyers réduits et de changements des habitudes de consommation, le
secteur du conditionnement se défend en
soulignant les services rendus dans l'agroalimentaire. Un emballage adapté autorise
une bonne conservation d'un produit et
de toutes ses qualités (nutritives, organoleptiques), jusqu'à sa consommation. Sans
parler de la traçabilité précise. Il constitue
ainsi un outil de lutte contre le gaspillage et
de sécurité alimentaire.
Écoconception, nouveaux matériaux...
le secteur est animé par de nombreuses
réflexions. En attendant de pouvoir délami***

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PRODUITS DE LA MER N°199 FÉVRIER-MARS 2020

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