produits de la mer - n°200 - Avril-mai 2020 - 14

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Coronavirus : entre confinement
et devoir d'approvisionnement

La pandémie n'épargne pas la filière
des produits de la mer qui, dès mi-mars,
cherchait un nouveau souffle.

ardi 17 mars : la France rentre à midi
dans une ère de confinement inédite
et historique d'au moins une quinzaine de
jours, pour répondre à l'épidémie internationale de coronavirus Covid-19.
Le matin, FranceAgriMer réunissait l'ensemble de la filière des produits de la mer
afin de tirer les conséquences directes du
ralentissement global de l'économie déjà
engendré par la pandémie. « L'essentiel
a surtout été d'affirmer l'importance
de maintenir une activité au sein de la
filière, indique alors Monique Tran, déléguée filières pêche et aquaculture chez
FranceAgriMer. Le secteur alimentaire
reste prioritaire et il faut assurer l'approvisionnement, notamment en produits de
la mer frais. »
Dans les faits, après les interventions
massives pour compenser la dégradation
due aux fermetures des marchés de la restauration collective (avec l'arrêt des cours
scolaires) et commerciale, ordonnée brutalement par le gouvernement le samedi
16 mars, les organisations de producteurs
arrêtent leur soutien. Et les bateaux restent
de plus en plus à quai.
Du côté du mareyage et des grossistes,
on avance en ordre dispersé.
« Le chômage technique nous aidera
à passer le cap », espère Stéphane Fayet,
d'Auvergne Marée. Sur les réseaux sociaux,
Mericq annonce sa décision de stopper
ses activités, Transgourmet et Reynaud
OSO que les sociétés restent ouvertes et
ProcSea, que les échanges se poursuivent
sur le net.
« La demande de la GMS est très soutenue, analyse pourtant Jean-Pierre
Gonda, président de Lerøy France. Et nous
avons beaucoup de poisson à disposition
puisque d'autres marchés les refusent.
L'interruption des lignes aériennes nous
ferme notamment l'Asie. » En amont, la
production de saumon ne pose en effet

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PRODUITS DE LA MER N°200 APRIL-MAY 2020

◗ La pêche
fonctionne
au ralenti,
mais
l'alimentaire
se mobilise
comme jamais
pour répondre
à la crise
sanitaire.

D.G.

Un marché rennais à l'heure du coronavirus Covid-19.

pas de problème et les exportations
repartent à la hausse après la chute de
celles vers la Chine. « L'industrie norvégienne des produits de la mer joue un
rôle très important dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire, en Norvège,
et dans le monde entier, » déclare même
Odd Emil Ingebrigtsen, ministre norvégien
de la Pêche.
En France, l'ensemble des acteurs du
transport de marchandises et de la logistique se mobilise pour assurer la continuité d'un secteur devenu stratégique,
tout en interpellant le gouvernement afin
de prendre des mesures qui facilitent la
tâche : horaire, protection et restauration pour le personnel... « Il y a et aura
des volumes à écouler, même à faible prix,
poursuit Jean-Pierre Gonda. Pour nous,
cela ira, mais d'autres ne s'en remettront pas, car le poisson est actuellement
bradé. Le blanc en frais par contre, comme
le cabillaud, est totalement à l'arrêt. En
Norvège, nos bateaux alimentent le secteur du surgelé. »
Dans ce secteur spécifique, Alexandre
Bonneau, du syndicat national du commerce extérieur des produits congelés et
surgelés (SNCE), estime que « les pro-

blèmes se sont posés pour nos adhérents
il y a un mois, alors que les importations,
toujours essentielles en provenance de
Chine pour le poisson blanc notamment,
posaient des difficultés aux frontières
quant aux documents originaux, la filière
chinoise étant désorganisée. Mais la direction générale de l'alimentation (DGAL) a
autorisé des dérogations et aujourd'hui,
plutôt que sur les problèmes de production, l'interrogation porte sur les besoins
de stockage, puisque la consommation
baisse. Nous avons aussi des producteurs
de frais qui s'interrogent sur les conditions
sanitaires et d'étiquetage dans le cas où ils
congèleraient de la matière première afin
de la retravailler plus tard. »
Du côté des conserveurs, l'heure n'est
pas à la communication, mais il semble
que si les consommateurs se ruent sur les
conserves pour faire des stocks, les lignes
de production ne soient pas impactées. Il
s'agit donc surtout de se mobiliser autour
de plans de continuité, en termes de personnels et de matière première. Quand un
pangolin terrestre entre en collision avec
la filière aquatique internationale...
Dominique GUILLOT

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