Journal Le marin N°3095 - 3 novembre 2006 - (Page 18)

salon Euronaval 2006 : les marines en réseaux Swordship : le surdoué invisible Véritable concentré des technologies futures, le Swordship s’est taillé un petit succès au salon. Le Swordship, navire-concept élaboré par DCN, n’a pas manqué de susciter une grande curiosité. Même si ses concepteurs précisent qu’il « n’a pas vocation à être commercialisé tel quel », ils y ont concentré toutes les technologies susceptibles d’arriver à maturité d’ici une dizaine d’années. Première caractéristique : sa furtivité. « Le navire disparaît totalement des écrans radar et se fond dans les vagues », assuret-on. Les formes sont complètement brisées, les senseurs (dont un radar HF qui s’affranchit de la courbure du globe) sont implantés dans une mâture unique audessus de la passerelle, et toute la coque, y compris les œuvres vives, est en composite. DCN a mené des travaux permettant d’envisager la production d’un composite à haute résistance, faible signature radar et forte tenue au feu (l’une des préoccupations des marins). Doté de moyens de lutte antisous-marine, il peut atteindre la discrétion acoustique d’un sous-marin grâce à sa propulsion électrique, basculable sur pile à combustible, et à l’utilisation de pompes-hélices. Navire de bonne taille (145 mètres, 5 300 tonnes) le Swordship dispose d’une stabilité encore augmentée grâce, d’une part, à son étrave inversée, d’autre part à sa carène dont la partie arrière est conçue en trimaran, avec un ﬂotteur central principal, luimême doté d’une architecture Swath. Ceci autorise la mise en œuvre non seulement d’un gros hélicoptère mais aussi de trois drones à voilure tournante. Tous les aéronefs appontent sur la plage avant, et sont remisés par ascenseur dans un hangar situé en dessous. Des drones de surface peuvent également être mis en œuvre via un petit radier arrière. Le central opération recourt à la « réalité augmentée » : des écrans reconstituent à 360° les images de l’horizon captées par vidéo, auxquelles sont adjointes toutes les informations apportées par les senseurs du navire et des autres plates-formes qui l’environnent. Côté armes, le Swordship est doté de 48 missiles, mis en œuvre par lanceurs verticaux. Il possède également un affût rétractable de trois canons de 155 millimètres utilisant des munitions guidées voire propulsées. Cette arme, courante à terre, ne possède pas encore de version navalisée. Si un tel navire n’a guère de chance de voir le jour tel quel, « la concrétisation d’une seule des grandes innovations qu’il comporte justiﬁera les études menées sur le Swordship », commente son architecte, Philippe Goubault. André THOMAS Philippe Goubault est l’architecte de ce drôle de bâtiment aux technologies multiples. BMTI, spécialiste en composite et radiocommunications BMTI a été créée en 1982 par deux autodidactes, Claudine Bodet et Éric Pierron. Salariant 25 personnes, dont dix ingénieurs, cette PME se présente aujourd’hui comme un acteur incontournable, au savoir-faire unique dans le domaine de la radiocommunication destinée à l’équipement des bâtiments militaires de surface et des sous-marins. Difficile pourtant d’expliquer la trajectoire unique de cette PME, installée à La Seyne-surMer, qui réalise aujourd’hui un chiffre d’affaires de 3,2 millions d’euros. En 24 ans, BMTI est en effet passée de la construction quasi artisanale d’une coque en plastique pour catamaran en kit à la fourniture d’un système de communication VLF pour le sous-marin Le Terrible. « Nous sommes plus ingénieux qu’ingénieurs, explique avec malice Claudine Bodet, directrice générale. C’est pourquoi nous nous sommes rapidement tournés vers la fourniture d’équipements de radiocommunication, en utilisant les matériaux composites pour nos antennes. En 1985, nous avons en effet gagné notre premier appel d’offres important : 1 000 antennes, des fouets de 6 à 10 mètres en composite pour la Marine nationale. » Déjà, BMTI est retenue en raison de ses doubles compétences : radiocommunication et mécanique, d’une part, maîtrise des matériaux composites d’autre part. À partir de 1987, elle intègre pour la première fois de l’électronique dans ses matériels, lui permettant de développer des produits spécifiques à la demande du client. Dès lors, la PME varoise développe régulièrement des nouveaux matériels pour sousmarins et bâtiments de surface. Et cela, pour les marines du monde entier, puisque BMTI exporte près de 40 % de son chiffre d’affaires. « Plus récemment, nous avons conçu des bouées de communication destinées aux sous-marins, raconte fièrement Claudine Bodet. Elles leur permettent de communiquer alors qu’ils sont immergés, comme par exemple ces bouées X-Sub reliées au sousmarin par un fil permettant à la fois de recevoir les données AIS des bateaux sur zone, tout en réalisant un point GPS. » Et lorsque l’on demande à BMTI son prochain challenge ? S’investir dans le domaine de la sécurité maritime… Pierre GRAVES André Thomas N La partie arrière du Swordship est conçue comme celle d’un trimaran. Rolls Royce termine son sous-marin sauveteur Le groupe britannique Rolls Royce, bien connu pour ses turbines d’avion et ses équipements pour navires civils et militaires, s’apprête à livrer le premier sous-marin sauveteur de sous-marin, de construction européenne. Il s’agit du Nato Submarine Rescue System (NSRS) - conforme aux normes Otan - commandé en mai 2004 par le Royaume-Uni, la France et la Norvège. La construction du navire sera achevée en février prochain. L’admission au service doit intervenir en septembre 2007. Outre le sous-marin lui-même - conçu pour évacuer 68 personnes simultanément - le contrat comprend la fourniture d’un Rov (fourni par Perry Slingsby Systems), d’un portique adaptable à tout navire pour la manutention du sous-marin et de divers accessoires. L’ensemble sera implanté à Faslane, base des sous-marins nucléaires britanniques, où le personnel dédié au sous-marin sera formé et entraîné en permanence. Le système complet pourra être embarqué à bord de trois avions ou l’équivalent de vingt camions. Il sera mobilisable en 6 heures et pourra intervenir sur zone 72 heures après l’alerte. Le contrat est d’un montant de 68,5 millions d’euros pour la conception, la production du sousmarin, la disponibilité du sous-marin avec du personnel formé pour une durée de sept ans. Rolls Royce est en négociation avec Singapour qui souhaite se doter d’une capacité équivalente. « Nous sommes plus ingénieux qu’ingénieurs », aime à dire Claudine Bodet, directrice de BMTI. Vendredi 3 novembre 2006

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