RAPPORT GÉNÉRAL 81 Profil du gratifié qui a cantonné Quant aux raisons qui incitent le conjoint survivant à cantonner, elles sont aussi bien familiales (59 % des cas) que patrimoniales (58 % des cas) ou fiscales (36 % des cas)242 mais l'on constate que cette renonciation est, le plus souvent, le résultat d'une concertation avec les autres héritiers, ce qui est logique « puisque ceux-ci sont les bénéficiaires des biens délaissés par le gratifié » et que le cantonnement procède d'une stratégie de transmission patrimoniale « sur mesure »243. § 4. Les renonciations anticipées 109. Une approche historique (A) puis comparatiste (B) permet de mieux comprendre les pratiques des renonciations successorales en droit français contemporain (C). A. Regards historiques 110. La recherche éclaire les raisons qui déterminent les renonciations successorales anticipées à la fin de l'ancien droit. Si celles-ci ont évolué, une constante demeure par rapport à la situation présente : ces renonciations s'adressent aux acteurs juridiques qui disposent d'un certain niveau de richesses. Comme le souligne Bernard d'Alteroche dans sa contribution, la pratique des renonciations à succession future a une fonction d'ordre politique : il s'agit de conserver les biens dans les familles pour assurer leur lustre par-delà le renouvellement des générations. L'idée est clairement affirmée par de nombreux auteurs des trois derniers siècles de l'Ancien 242. Cantonner peut par exemple permettre d'échapper à l'ISF ou en réduire le montant. 243. V. infra : C. VERNIÈRES, La pratique du cantonnement.