Carrières judiciaires - Entrer à l’ENM - L’épreuve de connaissance et compréhension du monde contemporain - 3e - 124

PARTIE 2 - SE PRÉPARER À L'ÉPREUVE

d'une part compte-tenu de l'imprécision même de l'objet auquel il s'agit de répondre (I)
et, d'autre part, en raison du risque de dérive sécuritaire (II).

I. Une réponse difficile : l'imprécision de l'objet même de la réponse
Répondre au « sentiment d'insécurité » est délicat du fait de l'épineuse définition du
concept lui-même (A) et de sa nature (B).

A. L'épineuse définition du « sentiment d'insécurité »
Il est tout d'abord difficile d'y remédier parce que c'est un sentiment. L'incertitude de
la notion d'insécurité ne facilite pas non plus la tâche.
Le « sentiment d'insécurité » consiste dans un ressenti, c'est-à-dire dans quelque
chose de subjectif, de personnel. Il varie donc d'un individu à l'autre. Or, comment apporter
une réponse satisfaisante à un élément variable, protéiforme ?
Au surplus, la notion d'insécurité elle-même est délicate à appréhender. L'insécurité
consiste dans l'absence de sécurité. Mais qu'et-ce que la sécurité ? Sécurité ne signifie
pas absence de violences : un individu peut se sentir en sécurité s'il est protégé (par
un mur, les forces de l'ordre, etc.). Il s'agit donc de protection, du fait de ne pas être
atteint, blessé, que ce soit physiquement ou mentalement. Le « sentiment d'insécurité »
est ainsi lié à la peur, à la crainte de ne pas être protégé. Il apparaît ici clairement que
le « sentiment d'insécurité » peut finalement ne pas reposer sur un fondement réel, sur
des actes objectifs précis.
Dans ces conditions, y apporter une réponse s'avère difficile. Ceci est d'autant plus vrai
que, compte-tenu de l'incertitude de ce sentiment, il est fort délicat de le mesurer avec
objectivité et précision, alors même que c'est une condition sine qua non pour y répondre
de manière satisfaisante.
B. L'épineuse mesure du « sentiment d'insécurité »
Les outils utilisés pour mesurer le « sentiment d'insécurité » présentent un certain
nombre de limites.
Il n'est pas possible d'employer les outils classiques de mesures de la criminalité
(statistiques de la police, de la justice) pour mesurer ce phénomène. Et ce, d'autant plus
qu'ils peuvent être eux-mêmes une des causes à l'origine du « sentiment d'insécurité », les
individus craignant de se faire agresser, cambrioler, etc., si les statistiques démontrent
une augmentation des agressions physiques, des effractions, etc. Le « sentiment d'insécurité » est donc déterminé à partir d'enquêtes sur le terrain ou encore par le biais de
sondages.
Ces outils de mesure présentent toutefois des limites. Comme pour tout sentiment,
il est complexe d'en mesurer l'étendue exacte. De même que le bonheur ou le bien-être

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