Carrières judiciaires - Entrer à l’ENM - L’épreuve de connaissance et compréhension du monde contemporain - 3e - 40

PARTIE 1 - CADRAGE ET TECHNIQUE DE L'ÉPREUVE

Section XI

ESQUISSES DE PROBLÉMATIQUES DÉVELOPPÉES
Sujet 1. Diversité culturelle et unité nationale sont-elles compatibles ?
Il paraît relever de la gageure d'envisager une quelconque unité, tout particulièrement
celle de la Nation, en termes de pluralité ou diversité. Sous ce rapport, le paysage
culturel français, vu dans l'instant, semble, par sa diversité même, déborder du
principe unitaire de la Nation.
Faut-il, pour autant, en inférer que diversité culturelle et unité nationale sont
incompatibles ? Sans doute pas, s'il est possible de montrer que l'unicité culturelle
n'est pas nécessairement une condition sine qua non de l'unité nationale ; que l'unité
nationale peut même participer de la sédimentation de la diversité culturelle. Dans
ces conditions, la nation française ne perdrait-elle pas à négliger l'une ou l'autre, à
sacrifier l'une à l'autre ?
Mais affirmer, alors, que l'existence de cultures plurielles ou diverses ne porte pas, en
principe, atteinte à l'unité nationale, ne serait-ce pas oublier que certains « irrédentismes » culturels locaux ou certaines revendications d'ordre prétendument culturel
peuvent masquer, en fait, des ambitions indépendantistes, et remettre ainsi sérieusement en question l'idée principielle d'une nation unitaire ?

Sujet 2. Terrorisme et médias
Manifestement, s'interroger à la fois sur le terrorisme et les médias suggère de
repérer leur coexistence sur un même plan.
La presse écrite, radiophonique ou encore télévisée offre d'ordinaire un panorama
assez complet du terrorisme.
Ainsi posés, les médias peuvent paraître comme le complément circonstanciel nécessaire des actions terroristes. Faut-il, pour autant, considérer le terrorisme et les
médias comme les composantes d'un binôme infrangible ? L'idée d'une « caisse
de résonance », frappant les opinions publiques, que consacreraient les différents
traitements journalistiques au terrorisme et à sa survie n'est d'ailleurs pas nouvelle.
Pour convaincant que paraisse ce point de vue, ne risque-t-il pas d'assurer pour
toujours une confusion (au sens propre) entre médias et terrorisme ?
Davantage : un tel rapprochement ne risque-t-il pas aussi d'occulter le rôle essentiel des médias : le devoir d'informer, et le péril qu'il comporte alors pour l'activité
terroriste et ses activistes ?
Une analyse menée jusqu'au bout révèle, malgré tout, qu'en cette matière les mots
ne sont pas neutres. Aussi les reportages s'avèrent-ils d'emblée significatifs, performatifs presque. Bon gré mal gré.
Or, en toute rigueur de termes, il est impossible d'isoler le terrorisme de ses « effets
de ricochet » sur les opinions publiques. Les médias remplissent, de fait, l'intervalle.
Tout se passe comme si l'information instantanée, dans sa volonté même de nommer
et de nommer à temps, ajoutait un isthme à la terreur : du local au mondial, du
dénombrement des victimes aux milliards de rescapés.

Table des matières de la publication Carrières judiciaires - Entrer à l’ENM - L’épreuve de connaissance et compréhension du monde contemporain - 3e