Carrières judiciaires - Entrer à l’ENM - L’épreuve de connaissance et compréhension du monde contemporain - 3e - 62

PARTIE 2 - SE PRÉPARER À L'ÉPREUVE

TROISIÈME COPIE DE PRÉPARATIONNAIRE
AU CONCOURS D'ENTRÉE À L'ENM
Joachim Du Bellay, poète de la Pléïade, se plaisait à qualifier la France de « mère des
arts, des armes et des lois » lors de la Renaissance au sein de son ouvrage Les Regrets.
Au XVIe siècle, la France développe une organisation politique centralisée aboutissant au colbertisme dont l'objectif était d'ériger alors la France en un État puissant. Cela
permettrait ainsi de faire échec aux puissances étrangères mais également de mettre
un terme aux anciennes divisions internes héritées de la période féodale.
C'est dans ce contexte que la France développera alors un modèle qui s'imposera
progressivement au reste du monde ; dans plusieurs domaines, notamment dans celui
des arts, des armes et des lois comme l'observait alors J. Du Bellay en 1558.
Le siècle des Lumières a permis d'élever la France sur la scène internationale dans
ces domaines si l'on considère les travaux réalisés par Diderot et D'Alembert avec leur
Dictionnaire raisonné des arts, des sciences et des métiers (1776).
Mais, le XVIIIe siècle a surtout été le berceau des valeurs humanistes ayant inspiré
et nourri de nombreux projets de lois à l'étranger. C'est l'exemple que nous donne le
célèbre Traité des délits et des peines de Beccaria, lequel défend des principes en
vigueur aujourd'hui dans la plupart des systèmes juridiques que sont le principe de
légalité des délits et des peines. Cette valeur universelle trouve directement son siège
au sein de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 à l'article 8.
Ainsi, la France s'est longtemps imposée comme le modèle de référence dans la défense
des valeurs humanistes, mais également dans la politique culturelle qu'elle a pu développer et renforcer au fil des années.
Cependant, cette hégémonie qui caractérisait alors la France s'est peu à peu sclérosée
au cours du XXe siècle. A la suite de la Seconde Guerre mondiale, la France a connu une
érosion de son modèle. Si la politique menée par l'État français en 1945 a permis d'assoir
son rayonnement à l'échelle internationale dans tous les domaines, la crise économique
qu'a connue la France dans les années 1980 a laissé place à l'« impuissance publique »
de la France définie par Nicolas Baverez dans son ouvrage La France qui tombe.
L'érosion du modèle de la France n'est pas seulement dûe à des facteurs internes.
Ceux-ci sont combinés à un contexte de mondialisation et d'européanisation de l'espace géographique conduisant alors O. Dumas à qualifier l'État français de « maître des
horloges ».
La France n'aurait ainsi plus aucune emprise dans des domaines au sein desquels
elle apparaissait comme l'entité référente.
Dès lors, comment se positionne la France aujourd'hui dans des domaines aussi
diversifiés que la culture, les armes ou encore les lois ? Peut-elle s'imposer encore comme
un modèle de référence dans un contexte mondialisé ?
Si la France s'impose encore dans le domaine des arts, bien que concurrencée
par l'Italie, c'est parce qu'elle prône « l'exception culturelle » dont elle fait œuvre (I).
Cependant, la France concurrencée par la mondialisation et l'européanisation de ses
rapports ne dispose plus du monopôle en matière d'armes et de lois (II).

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