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L'argent, les avocats et leur production économique et sociale
Au civil, ils ont recours à l'aide légale qui est constamment revue pour tenter
de la rationaliser. Mais le système actuel consiste à ne pas vouloir détacher
l'honoraire de l'acte effectué et à ne pas considérer possible de rationaliser
et de professionnaliser l'activité de la défense des pauvres en créant une
défense à plein temps pendant un nombre limité d'années.
Face à cette demande, le rêve de l'avocat serait d'être payé d'un honoraire
normal pour défendre les gens qui n'ont pas d'argent. C'est presque le cas
en Angleterre. Considérée comme capable de payer les honoraires, la classe
moyenne ne se défend plus car les honoraires sont trop importants et l'aide
judiciaire impossible. Ne restent que les riches et les très pauvres pour être
bien défendus car les cours accordent aux avocats de ceux qui sont sans
ressources des honoraires comparables à ce que les avocats français souhaiteraient obtenir. Mais c'est l'Angleterre, et son budget d'aide légale est cinq
fois supérieur au nôtre (2 milliards de livres) bien que réduit de 10 % par le
gouvernement Cameron en 2014. Nous sommes dans l'Union européenne
en dixième position pour le budget de l'aide par habitant.
Depuis vingt ans, des voix s'élèvent pour dire que l'on ne résoudra jamais le
problème sans créer, comme cela existe dans beaucoup d'autres pays comme
les états-Unis - dans certaines villes seulement hélas - et au Québec, une
sorte « d'internat » de la profession, tel qu'il en existe en médecine. L'idée
serait de faire passer un concours aux plus jeunes avocats et de donner aux
meilleurs la possibilité d'un contrat avec leur Barreau pendant cinq ans ou
six ans maximum pour s'occuper à plein temps de l'aide judiciaire, seule
manière d'éviter à ces jeunes avocats de courir le cacheton aux quatre coins
des palais pour essayer de cumuler de maigres ressources pour un travail
qui souvent ne peut malheureusement qu'être proportionné à la qualité de
la rémunération qu'ils peuvent recevoir, c'est-à-dire médiocre.
Cette idée est systématiquement repoussée depuis vingt ans et habilement mithridatisée, sans être rejetée, par le rapport Darrois de 200935,
pourtant très ouvert et progressiste mais qui se fait inévitablement l'écho
de l'hostilité de ceux qui considèrent que l'on introduit le fonctionnariat dans la profession d'avocat et donc un virus mortel. Certes, la
« généralisation de l'internat » n'est pas possible, sauf à faire encore
35. Rapport Darrois 2013. Proposition : permettre au Barreau de recruter des avocats chargés de
l'aide judiciaire, des avocats collaborateurs conservant une possibilité de développer une clientèle
personnelle en mettant à leur disposition des locaux et moyens de recevoir cette clientèle, l'état
subventionnant les rétrocessions d'honoraires qui leur seraient versées.

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