Droit expert - Droit des cultes et de la laïcité - 2017-2018 - 1er - 93

CHAPITRE 6 - Trois modèles étrangers : Allemagne, États-Unis, Turquie
Devenu président à la suite de l'assassinat de William McKinley, Theodore Roosevelt
a simplement levé la main droite (1933). Lyndon B. Johnson a été investi à bord de
l'avion présidentiel Air Force One, le jour même de l'assassinat de Kennedy (1963). Il
n'y avait pas de bible dans l'avion. C'est pourquoi il a prêté serment sur un missel
catholique, un livre liturgique contenant les prières de la messe.

■ L'interdiction : le mur de la séparation
La Constitution est pourtant précise s'agissant du rapport entre les Églises et l'État.
Le premier amendement à la Constitution des États-Unis dispose que « le Congrès
n'adoptera aucune loi relative à l'établissement d'une religion, ou à l'interdiction de
son libre exercice ». La disposition fait partie des dix amendements ratifiés en 1791
qui constituent la Déclaration des droits (Bill of Rights). Alors que l'amendement ne
fait référence qu'au Congrès fédéral, la Cour suprême a considéré en 1947 qu'il
devait s'appliquer aux législations des États fédérés. L'État du New Jersey finançait
le transport des élèves des écoles publiques et des écoles catholiques. La Cour
devait décider si ce financement, s'agissant des élèves des écoles catholiques, était
conforme à la Constitution. Pour rendre sa décision (Everson c. Board of Education,
330 US 1, 1947), la Cour s'appuya sur une citation de Jefferson au terme de laquelle
« le premier amendement de la Constitution a érigé un mur entre l'Église et l'État.
Ce mur doit être maintenu élevé et imprenable. Nous ne pouvons approuver la
plus légère brèche ». Le financement fut déclaré conforme à la Constitution. Mais
pour la première fois, la Cour étendit son contrôle en matière de séparation entre
les Églises et l'État aux législations des États fédérés. Aucune religion ne peut désormais être privilégiée. Chacun est libre de choisir une religion ou de ne pas en avoir.
De son côté, l'État ne doit rien faire pour établir ou favoriser une religion.

■ L'explication : la religion civile
Comment expliquer ces références si fréquentes à Dieu ? L'universitaire Robert
N. Bellah analysant le discours inaugural de 1967 de John Kennedy, qui contient
une multitude de références à Dieu, a proposé une explication : il existerait une
« religion civile américaine » (« Civil Religion in America », Daedalus, "Religion in
America" Winter 1967, Vol. 96, nº 1, pp. 1-21). Aux États-Unis, il existe une foi
quasi religieuse en certains symboles considérés comme sacrés, issus de l'histoire.
La fête du Thanksgiving (fête de l'action de grâce), l'hymne national chanté come
un hymne religieux, l'arrivée du Mayflower en « Terre promise », God Bless

Table des matières de la publication Droit expert - Droit des cultes et de la laïcité - 2017-2018 - 1er