Les Carrés Rouge - L'essentiel du droit constitutionnel Tome 1 : Théorie générale du droit constitutionnel - 17e - 120

CHAPITRE 6 - Le régime parlementaire
Depuis quelques années, certains auteurs ont abandonné la qualification de « parlementarisme
moniste » au profit de l'expression « régime primo-ministériel », afin de mettre en relief
l'extrême personnalisation du pouvoir - dopée par les médias - dont jouit tout chef de gouvernement, désormais omnipotent (tout du moins en parlementarisme majoritaire).

b) Le parlementarisme majoritaire et le parlementarisme non majoritaire
1) Le parlementarisme majoritaire
Dans ce type de régime parlementaire, le gouvernement dispose au Parlement d'une majorité
stable et cohérente, au point de rester au pouvoir pendant toute la législature, d'où l'expression
« gouvernement de législature ». Le gouvernement ne risque pas d'être renversé. L'alternance
est régulière mais le rythme du balancier est parfois très lent.
Ainsi, au Royaume-Uni, les travaillistes ont reconquis le pouvoir après 18 ans de gouvernement
conservateur (1979-1997), et l'ont conservé 13 ans durant (1997-2010). En Allemagne, les socialistes (aujourd'hui membres de la Grande Coalition [v. pp. 142-143]) ont dû attendre 16 ans
(Helmut Kohl, démocrate-chrétien, ayant été chancelier de 1982 à 1998).
En Suède, après 8 ans de gouvernement conservateur modéré, le Parti social-démocrate a reconquis le pouvoir à la suite des législatives de septembre 2014, sociaux-démocrates qui ont gouverné
pendant 69 des 87 dernières années !
De même, au Japon, le Parti libéral-démocrate (PLD) (le Jiminto, parti conservateur où coexistent
cinq « factions » [habatsu]) a toujours exercé le pouvoir de 1955 à 2018, sauf de 1993 à 1996 et
d'août 2009 à décembre 2012. Malgré un contexte de parlementarisme majoritaire, l'archipel se
singularise par une certaine instabilité gouvernementale ! Ainsi, Shinzo Abe (PLD) est devenu en
décembre 2012 le 7e Premier ministre depuis 2006, et le 96e chef de gouvernement nippon. Deux
raisons essentielles expliquent cette étonnante instabilité gouvernementale : d'une part, le phénomène des « factions » que connaissent le Parti libéral-démocrate et le Parti démocrate du Japon
(parti de centre gauche au pouvoir d'août 2009 à décembre 2012), d'autre part les scandales politico-financiers récurrents dans lesquels sont impliqués les chefs de gouvernement !
Toutefois, « l'Empire du Soleil levant » connaît aujourd'hui la stabilité gouvernementale avec
l'accès au pouvoir (décembre 2012) de Shinzo Abe, personnalité politique dotée d'un véritable
charisme et bénéficiant du soutien de plus des 2/3 des membres dans chacune des deux chambres, majorité composée du PLD et de son allié centriste le Nouveau Komeito. D'ailleurs, après
avoir dissous l'Assemblée en novembre 2014, S. Abe a triomphé aux législatives de décembre
(majorité absolue des sièges) ; pareillement, après avoir fait le pari d'une nouvelle dissolution en
septembre 2017, S. Abe a remporté une victoire éclatante aux législatives d'octobre (majorité
absolue des sièges) ; de surcroît, grâce à l'appui du Nouveau Komeito, le Premier ministre conserve

117
Table des matières de la publication Les Carrés Rouge - L'essentiel du droit constitutionnel Tome 1 : Théorie générale du droit constitutionnel - 17e
