Les Carrés Rouge - L'essentiel du droit constitutionnel Tome 2 : Les institutions de la Ve République - 18e - 52

48

LES INSTITUTIONS

DE LA

Ve RÉPUBLIQUE

du général de Gaulle ; même la victoire du « non » lors du référendum du 29 mai 2005 ne peut être
assimilée à un vote-sanction ; certes, parmi les partisans du « non », certains électeurs ont entendu
sanctionner la politique présidentielle, et le résultat du référendum a affaibli l'Élysée ; toutefois, le
référendum n'avait absolument pas été « personnalisé » par le président Chirac.
De surcroît, dans le cadre du quinquennat présidentialiste, le chef de l'État nouvellement élu a la
certitude d'obtenir quelques semaines plus tard une majorité parlementaire qui lui sera favorable :
actuellement, entre deux élections présidentielles, le contrôle du peuple semble plutôt s'exercer à
l'occasion des élections locales et européennes, comme le montrent les votes-sanctions qui ont
atteint le président Hollande lors de telles élections.
Du reste, à la suite de la débâcle des municipales de 2014, F. Hollande a été contraint à changer
de gouvernement. La « démission-révocation » (v. p. 59) de Jean-Marc Ayrault traduisait l'échec
politique du Premier ministre, mais aussi la volonté du chef de l'État de « rebondir politiquement »
à quelques mois du mi-mandat présidentiel, d'autant plus que F. Hollande fut le président le plus
contesté de la Ve République : réciproquement, le choix comme Premier ministre (le 31 mars 2014)
de Manuel Valls, le plus populaire et le plus belliqueux des membres du gouvernement Ayrault II,
montrait le désir du président d'ouvrir une « nouvelle étape » de son quinquennat pilotée par un
« gouvernement de combat ».
Le président Macron est susceptible, lui aussi, de faire l'objet d'un vote-sanction lors des
prochaines élections locales (municipales de 2020, départementales de 2021, régionales de
2021), et européennes (en 2019). LRM (le parti du président) est en effet une formation nouvellement créée (le 6 avril 2016) qui cumulera plusieurs handicaps lors des élections organisées avant la
fin du mandat présidentiel : un manque d'implantation locale, le mécontentement lié à certaines
des multiples réformes réalisées à l'initiative de l'Élysée, l'érosion du pouvoir dont risque d'être
victime le chef de l'État, la disparition du « réflexe pavlovien » des électeurs (v. p. 41) dont avaient
bénéficié les candidats LRM lors des législatives de juin 2017.
Malgré tout, alors que le quinquennat renforce la fonction présidentielle aux dépens de la fonction primo-ministérielle, jamais la responsabilité politique de fait de l'Élysée n'aura été aussi faible
« en cours de mandat » sous la Ve République.
En vérité, c'est « au terme du quinquennat » (hier au terme du septennat), devant le peuple
et lui seul que se manifeste la responsabilité politique du président ; la défaite du chef de
l'État qui sollicite un nouveau mandat sera un « vote-sanction », un désaveu par le peuple de la politique décidée par le président sortant. Enfin, le 1er décembre 2016, le renoncement de F. Hollande -
par crainte de la défaite - à se présenter à la présidentielle de 2017 témoigne également de la
responsabilité politique devant le peuple du chef de l'État au terme de son mandat !
Table des matières de la publication Les Carrés Rouge - L'essentiel du droit constitutionnel Tome 2 : Les institutions de la Ve République - 18e
