Les Carrés Rouge - L'essentiel du droit constitutionnel Tome 2 : Les institutions de la Ve République - 18e - 57

CHAPITRE 3 - Le rôle du président de la République
Cette politique de harcèlement conduira même les députés RPR à s'abstenir de voter certains
projets de loi politiquement importants, ce qui empêchait leur adoption puisque les députés de
l'opposition (socialistes, communistes, radicaux de gauche) étaient alors plus nombreux que ceux
de l'UDF ; R. Barre fut ainsi contraint d'utiliser 8 fois l'article 49 alinéa 3 C (v. pp. 129 et s.).

c) Le présidentialisme renforcé (mai 1981-mars 1986)
Dans un pamphlet « Le coup d'État permanent », F. Mitterrand avait condamné dès 1964 la
dérive présidentialiste du régime. Or, c'est de mai 1981 à juillet 1984, sous les trois gouvernements
Mauroy, que le présidentialisme sera porté au zénith, tout au moins pour l'époque désormais
révolue du septennat. F. Mitterrand décide de changements d'orientation politique décisifs : lancement du premier plan de rigueur le 1er juillet 1982, retrait du projet de loi Savary sur l'école
publique le 5 juillet 1984, révocation de Pierre Mauroy le 17 juillet 1984, etc. Ces changements de cap, justifiés par la gravité de la crise économique, sont acceptés par les députés socialistes, redevables à F. Mitterrand de l'alternance politique de 1981 (victoire de F. Mitterrand [10 mai
1981], dissolution de l'Assemblée nationale [22 mai 1981], « vague rose » aux législatives [14 et
21 juin 1981], le PS obtenant à lui seul la majorité absolue des sièges).
Le présidentialisme est confirmé sous le gouvernement Fabius (juillet 1984-mars 1986), bien que
le nouveau Premier ministre ait une plus grande marge de manœuvre que son prédécesseur.

d) Le présidentialisme restauré (mai 1988-mars 1993)
Après sa réélection le 8 mai 1988, F. Mitterrand nomme Michel Rocard à Matignon, puis
dissout l'Assemblée nationale le 14 mai, la majorité parlementaire (RPR-UDF) qui avait été élue
le 16 mars 1986 lui étant politiquement hostile. Les législatives des 5 et 12 juin 1988 donnent une
majorité seulement relative au PS et à ses alliés (partis de la gauche non communiste). Le présidentialisme est rétabli par F. Mitterrand après la première cohabitation (mars 1986-mai 1988). Toutefois, M. Rocard - Premier ministre de mai 1988 à mai 1991 - dispose jusqu'à l'été 1990 d'une
assez grande autonomie en matière économique et sociale. Ce relatif rééquilibrage des pouvoirs
du président et du Premier ministre est dû à plusieurs facteurs : l'héritage de la cohabitation, la
volonté du président de ne pas connaître la même usure du pouvoir que celle subie au début du
premier septennat, l'expérience des socialistes qui ont pris l'habitude de gouverner. Une très forte
prépondérance du président se manifeste à partir d'août 1990 lorsque survient la crise du Golfe.
Cette prédominance est confirmée par la révocation de M. Rocard le 15 mai 1991.
Un véritable impérialisme présidentiel se développe sous le gouvernement Cresson (mai 1991avril 1992). Ceci est dû au manque d'autorité du Premier ministre, au mécontentement des

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