Fonction Publique - La déontologie dans la fonction publique - 2e - 30

La déontologie dans la fonction publique

La déontologie revêt une dimension collective ; elle évoque les obligations et
devoirs imposés par l'exercice d'une profession ou d'un emploi public (pour
ce qui concerne évidemment la fonction publique). L'éthique se réfère, quant
à elle, à la conscience de chaque fonctionnaire, et revêt donc une dimension
subjective qui peut amener tout agent de l'État à se prendre pour Antigone
désobéissant au roi Créon, en estimant que des principes supérieurs s'imposent
à la loi écrite.
La déontologie revêt un aspect collectif, alors que l'éthique procède d'une
approche individualiste, l'éthique personnaliste ayant notamment été théorisée
par Ricœur. Le philosophe Paul Ricœur écrivait, ainsi, que « la réflexion éthique
consiste à se poser la question fondamentale de soi par rapport à l'autre, non
pas soi empiétant sur l'autre, ou de soi créant un autre "acceptable", mais de
soi-même comme un autre »31.
La déontologie reflète l'existence d'un fonctionnement dépassant les
consciences et les volontés individuelles, alors que l'éthique procède d'une
conception propre à chaque agent d'agir en conscience dans telle ou telle
situation avec des références et des normes de comportement variables d'un
agent à l'autre.
L'éthique amène l'agent à agir en conscience, à mettre en œuvre une pratique volontaire de la morale de l'exercice de son emploi public. Le lien entre
l'éthique et la déontologie tient au fait que l'« éthique est souvent conviée
dans les réflexions sur les pratiques managériales pour aider à faire face aux
situations difficiles en tentant de surmonter les dilemmes qui résultent des
conflits de valeurs »32.
La déontologie et l'éthique ne doivent pas être confondues avec la morale,
même s'il n'est pas interdit de penser que l'idée de « morale professionnelle »
constitue l'un des aspects de la « moralité administrative » défendue par le
Doyen Hauriou. Auteur d'une remarquable thèse sur l'honneur, le recteur Bernard Beignier évoque, avec beaucoup de justesse, l'idée d'une « morale juridicisée » ou « d'un droit moraliste » avant d'affirmer que la déontologie n'est
« pas une morale qui se mue en droit (mais) une morale sanctionnée par le
droit »33. On relèvera, en outre, que Bentham avait sous-titré son ouvrage de
1834 sur la déontologie « The Science of the Morality ». Toutefois, chacun sait
que la morale n'est pas le droit, mais qu'il y a néanmoins de la morale dans
31

32
33

Ricœur P., Soi-même comme un autre, 1990 ; voir également du même auteur, « Morale, éthique et
politique », Pouvoirs 1993, n° 65, p. 5.
Monteil P.-O., Éthique et philosophie du management, 2016, éd. Érès, p. 71.
Beignier B., « Déontologie », in Dictionnaire de la culture juridique, 2003, p. 361.

Fonction Publique - La déontologie dans la fonction publique - 2e

Table des matières de la publication Fonction Publique - La déontologie dans la fonction publique - 2e