Mémentos - Note de synthèse - 2e - 43

CHAPITRE 2 - Le dossier d'entraînement accompagné
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l'association. Enfin, le local municipal mis à la disposition d'une association en vue d'y
exercer une activité cultuelle ne doit pas l'être de façon pérenne et exclusive.
« Ni obsolescence, ni inadaptation : la loi de 1905 reste pleinement opérante » s'est félicité,
dans un touchant exercice d'autosatisfaction, le vice-président de la plus haute juridiction
administrative. « Laïcité tempérée et pragmatique », « Laïcité d'ouverture et de
reconnaissance », se sont réjouis les commentateurs qui ont donné leur bénédiction au
Conseil, en relevant que ses décisions s'inscrivaient parfaitement dans l'esprit de cette
loi, imprégné de liberté et de tolérance. Fort bien ! Bien sûr, on « déplorera » l'atavique
réaction du président en exercice du Parti radical de gauche, dont les détracteurs
tancent l'esprit de chapelle, qui s'est inquiété « des brèches ouvertes dans la loi de
1905 », avec de telles décisions.
A la réflexion, sans pour autant sonner le tocsin, on peut sans doute quand même
affirmer la laïcité n'est plus ce qu'elle était... La notion d'intérêt public local, en particulier,
apparaît extrêmement flexible et constituer un terreau très fertile pour tous les petits
arrangements avec ce principe fondateur du pacte républicain. L'actualité récente nous
offre d'édifiantes illustrations des dérives auxquelles peut conduire la laïcité new-look
repensée par le Conseil d'État. Ici, c'est le maire de Paris qui, pour justifier l'organisation
et la prise en charge d'une « soirée du Ramadan » dans les locaux de l'hôtel de ville,
oppose la dimension hautement culturelle du pince-fesses... Là, ce sont des associations
musulmanes du XVIIIe
arrondissement qui, alors que les pouvoirs publics proposent de
mettre à leur disposition des casernes de pompiers désaffectées pour la prière du
vendredi et éviter ainsi que les fidèles en soient réduits à prier dans la rue, revendiquent
le respect de la sacralité de ces locaux, en d'autres termes en réclament une utilisation
exclusive.
On pressent alors aisément que la vision libérale du principe de laïcité prônée par le
Conseil d'État conduit à d'inextricables impasses et à de fâcheuses déconvenues,
comme d'ailleurs tout compromis avec l'essentiel...
* Document 8 : Samuel Charalot, « L'État et la laïcité », La documentation
française, juin 2016.
1. Un principe consensuel à l'interprétation parfois problématique
Si la laïcité « fait maintenant partie du patrimoine national français », elle fait parfois
l'objet d'interprétations contradictoires. Certes, l'idée va désormais de soi, sauf pour les
religieux fondamentalistes, d'une séparation mutuelle, et donc d'une autonomie d'organisation
de l'État et des Églises. Mais les avis divergent sur la question de savoir, par
exemple, si le port du « foulard islamique » à l'école ou dans un établissement public,
voire dans la rue, est conforme au principe de laïcité. De même, est-il admissible que
l'État finance des établissements scolaires privés sous contrat, des aumôneries dans les
prisons, les hôpitaux et les armées, les travaux de réfection de certains lieux de culte ou
encore des plages horaires pour les religions dans l'audiovisuel public ? Et est-il envisageable
de supprimer les jours fériés de l'Ascension ou de la Toussaint ? De ne pas faire
classe les jours de Kippour et de l'Aïd ? D'imposer des menus de substitution dans les
cantines scolaires ?
Ce type d'interrogation n'est pas nouveau. Loin d'être figée, l'application du concept de
laïcité a varié en fonction des attentes du corps social. Actuellement, ces questions
s'inscrivent dans le contexte d'une modification du paysage religieux en France, avec la

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