Les Carrés Rouge - L'essentiel du droit constitutionnel -Tome 2. Les institutions de la Ve République - 20e - 64

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L'ESSENTIEL

DU

DROIT

CONSTITUTIONNEL

- LES INSTITUTIONS

DE LA

Ve RÉPUBLIQUE

lors de la campagne de la présidentielle. L'évolution du présidentialisme jupitérien témoignait même d'un renforcement du rôle de Matignon avec E. Philippe (v. p. 103).
Or, depuis juillet 2018 ce présidentialisme jupitérien est remis en cause par différents événements : l'affaire Benalla, la chute de popularité du président, les démissions de deux ministres
d'État (Nicolas Hulot [Écologie] le 28 août 2018, et Gérard Collomb [Intérieur] le 3 octobre 2019)
dans des circonstances qui affaiblissent l'Élysée (v. p. 93), la crise sociale des « Gilets jaunes » (de
la mi-novembre 2018 à avril 2019), l'indiscipline de certains députés LRM (notamment lors du
vote de la loi « Asile et immigration » en avril 2018, et de la loi « Anticasseurs » en février 2019,
les défections de 32 députés LRM qui (depuis juin 2017) ont quitté leur groupe parlementaire,
faisant même perdre (le 19 mai 2020) à LRM la majorité absolue des sièges (282 députés
[juin 2020] au lieu de 289/577), mais E. Macron dispose toujours d'une solide majorité grâce à
ses alliés, notamment le Modem et ses 46 députés.
Le président donne parfois l'impression de devenir un « Jupiter aux pieds d'argile » : autorité
grandissante d'E. Philippe, autocritique à laquelle s'est livré E. Macron, remise en cause par
l'Élysée de la verticalité du pouvoir (en renouant les liens avec les sénateurs, les élus locaux et les
syndicats), recours à la concertation (le « Grand débat national » [de mi-janvier à mi-mars 2019] en
réponse à la crise sociale), renoncement (devant l'opposition du Sénat) aux dispositions du projet
de LC qui réduisaient le rôle du Parlement dans la procédure législative, etc. Néanmoins, lors de
ses deux allocutions radiotélévisées de mars 2020 consacrées à la crise de la Covid-19, le président
- avec des accents churchilliens et gaulliens - a su sonner « la mobilisation générale dans la guerre
contre un ennemi invisible ! » et se présenter comme le père de la Nation. Mais surtout, avec la
formation du gouvernement Castex (juillet 2020), E. Macron entend rénover le présidentialisme
jupitérien.

c) Emmanuel Macron, grand réformateur
Le présidentialisme « jupitérien » se manifeste également dans la volonté du chef de l'État
de réaliser l'intégralité de son programme électoral de grandes réformes.
Depuis les législatives de juin 2017 le président a déjà réalisé certains points essentiels de son
programme : affaires étrangères (replacement de la France au centre du jeu diplomatique
mondial), affaires européennes (annonce d'une volonté de refondation de l'UE et de renforcement
de la zone euro), politique de défense (consolidation des moyens des armées).
De grandes lois réformatrices ont été adoptées : moralisation de la vie politique (lois ordinaire
et organique du 15 septembre 2017), renforcement de la décentralisation (loi « Engagement et
proximité » du 27 décembre 2019 [v. p. 34]), éducation nationale (loi dite « Étudiants », loi « pour
une école de la confiance »), transformation de la fonction publique dans une perspective

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