Professions immobilières - Expertise judiciaire en matière civile - 1re - 225

II. Quoi qu'il arrive, n'en faites pas une affaire
personnelle
Ne pas faire une affaire personnelle. Reconnaissons que nous touchons là au fondement même de
la fonction de l'expert de justice. C'est cette indépendance qui fait que nous pourrons conduire la
mission qui nous est confiée et répondre sereinement aux questions posées par le juge. C'est bien
une absence totale de position personnelle dans le litige qui nous permet d'accepter la mission et
de la conduire avec la plus parfaite objectivité. Et si, à la lecture de l'ordonnance qui nous nomme,
un doute survient quant à notre parfaite indépendance, nous pouvons sans aucune difficulté refuser la mission au juge qui ne prendra pas ombrage de ce refus, tant il est consubstantiel de notre
fonction.

III. Ne faites pas de suppositions
À l'évidence, une juridiction nous a nommés pour obtenir des réponses techniques et circonstanciées aux questions qu'elle se pose. C'est bien pour cela qu'elle ne peut se contenter d'approximations et de suppositions. Là encore, c'est bien le fondement de notre fonction que d'apporter des
réponses précises et documentées permettant à un juge de prendre la décision qui convient d'un
point de vue juridique. Ne dit-on pas que l'expert doit purger le débat technique durant l'expertise
afin de laisser toute sa place au débat juridique ?
Nous devons ainsi avoir :
- la compétence pour définir les questions qu'il faut poser et les recherches qu'il faut entreprendre ;
- le courage de les engager ;
- la fermeté pour obtenir toutes les réponses utiles ;
- le recul pour les analyser, les interpréter et pouvoir répondre ainsi de façon ferme et documentée
aux chefs de mission.
On imagine facilement à quel point l'on compliquerait la tâche du juge qui nous lit en répondant « il
semble que » ou « il est probable que », alors qu'il attend de nous une réponse sans ambiguïté.

IV. Faites toujours de votre mieux
Combien de fois avons-nous douté quand arrive le moment de rendre nos conclusions ? Et comment être absolument sûr d'avoir produit la bonne analyse, d'avoir parfaitement répondu aux
questions que nous pose le juge ? Peut-on croire que l'expérience accumulée fait que ces doutes
disparaîtront un jour, face à la rédaction de notre travail, qui peut avoir une si grande importance
sur le cours de la vie de ceux qui se trouvent placés dans les expertises que nous conduisons ?
Face à ces doutes, nous n'avons le choix que de faire de notre mieux pour conduire notre expertise,
d'écouter avec soin et bienveillance les parties, d'analyser aussi complètement que possible les
documents qui nous sont donnés, d'effectuer les investigations techniques de la façon la plus approfondie, de respecter au pied de la lettre le Code de procédure qui guide nos travaux, de respecter
et faire respecter de façon scrupuleuse le sacro-saint principe du contradictoire,
Quelles que soient les circonstances, faisons toujours de notre mieux et nous éviterons ainsi de
nous juger, de nous culpabiliser et d'avoir des regrets.

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