Guides Pro - L'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, mode d'emploi - 1re - 138

L'égalité

p r o f e s s i o n n e ll e e n t r e l e s f e m m e s e t l e s h o m m e s

par exemple, l'instrumentalisation des partenaires sociaux au profit
d'une domination masculine tendant à s'entretenir par une socialisation
spécifique favorisant la reproduction et l'entre-soi. C'est pourquoi les
efforts conduits par le législateur pour promouvoir l'égalité professionnelle
encouragent les postures profitables à la loyauté du dialogue social : cette
vision de l'auteur trouve consécration avec des évolutions textuelles dont
les articles L. 2312-26.-I et L. 2314-30 du Code du travail témoignent
parfaitement.
Deux obstacles à la prise en charge syndicale
de l'égalité professionnelle
La sociologue Paula Cristofalo a effectué en 2014 une étude se focalisant sur l'action
syndicale en matière d'égalité professionnelle. Elle conclut que, sous l'angle de la
diversité, si elle est un axe structurant des stratégies de gestion et de marketing social
des entreprises, sa place est moins évidente dans les stratégies syndicales, sans compter
que les organisations syndicales ne font pas exception quant à la place qui y est faite
aux femmes. Selon son étude, quelques pratiques probantes ont été rencontrées. Mais
les échecs, l'indifférence ou l'acquiescement sans conséquence à l'égard de l'égalité
professionnelle ont été plus fréquents. Au final, l'égalité professionnelle constitue un
sujet au mieux ancillaire, au pire non prioritaire.
Lorsque se rajoute à cette difficulté la faiblesse du taux de syndicalisation (10,8 %
pour l'ensemble des salariés), il est permis de penser qu'une révolution en matière
d'égalité professionnelle nécessite un vrai changement culturel. Une enquête Dares
de 2018 précise que si le taux de syndicalisation est de 18,7 % dans le secteur public,
il n'est que de 8,4 % dans le secteur marchand et associatif. Ce taux tombe à 5 %
dans les entreprises de moins de 50 salariés. L'enquête précise aussi que, quel que
soit le secteur, une analyse toutes choses égales par ailleurs confirme le lien entre la
taille de l'établissement et l'adhésion syndicale. Ce taux interroge, surtout lorsqu'on
le compare à l'ensemble des pays européens où il est en moyenne de 23 %, les pays les
plus syndiqués dépassant les 70 %. La France est le pays le moins syndiqué d'Europe,
avec l'Estonie et la Lituanie. L'éclectisme des raisons identifiées par la Dares ne
plaide pas en la faveur d'un retournement de tendance ; elle indique : « Au-delà
des explications propres à chaque pays, les transformations du monde du travail,
notamment le déclin de l'activité industrielle et d'une culture ouvrière partagée
dans tous les pays européens, qui constituait la base de l'action collective, a laissé
la place à de nouvelles identités sociales, d'autant plus fragmentées que le travail est
irrégulier, l'emploi atypique, les parcours professionnels discontinus. L'importance
du chômage, l'intensification du travail, les nouvelles formes d'organisation du travail
et de management de plus en plus individualisées, constituent autant d'obstacles à
l'engagement syndical et représentent des enjeux communs à l'ensemble du monde
syndical. »

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