Hors collection - Analyse financière internationale - 1re - 211

Deux autres causes de l'inflation sont à trouver spécifiquement sur le marché des biens et des
services, soit du côté de la demande (inflation par la demande), soit de celui de l'offre (inflation
par les coûts) :
- si le volume de la demande de biens et services augmente (sous l'effet de la hausse de la
demande étrangère, un phénomène de déthésaurisation ou de désépargne, à l'accroissement
de la dépense publique...) et si les entreprises ne peuvent satisfaire des commandes nouvelles
(l'offre est dite inélastique), un déséquilibre entre l'offre (stable) et la demande (en hausse) de
biens apparaît et se traduira par la hausse des prix ;
- on parle d'inflation par les coûts lorsque les entreprises, pour maintenir leurs marges, répercutent la hausse de leurs coûts de production (liée à celle du prix de leurs facteurs de production relativement à leur productivité ou des matières premières, à une dépréciation de la
monnaie nationale...) sur le prix de vente des marchandises.
Enfin, on peut comprendre l'inflation comme un phénomène structurel et en rechercher les
causes dans les structures mêmes de l'économie, susceptibles d'expliquer l'existence d'une offre
de biens et services durablement plus basse que la demande :
- un décalage temporel entre les investissements productifs et l'offre de nouveaux biens qu'ils
permettent de produire, des comportements d'entreprise restrictifs (ententes entre entreprises, position dominante) ;
- le développement des services non marchands qui gonflent durablement la demande pour les
biens et services marchands par le biais de la redistribution, des comportements de précaution
de la part d'agents déjà échaudés par des politiques inflationnistes...

C. Les effets de l'inflation
Si une inflation modérée peut être le signe de la croissance économique et s'il peut lui être
parfois reconnu certaines vertus (elle stimule l'investissement et les dépenses publiques en allégeant le coût réel de l'endettement par emprunt à taux fixe par rapport à la valeur réelle du
remboursement, elle encourage la consommation des ménages en pénalisant l'épargne oisive),
il n'en demeure pas moins qu'elle est dangereuse pour le bon fonctionnement de l'économie.
En période inflationniste, les rôles de la monnaie sont totalement perturbés :
- la monnaie n'assure plus sa fonction de réserve de valeur puisque la hausse des prix des biens
et  services en réduit le pouvoir d'achat  ; les agents adoptent un comportement de «  fuite
devant la monnaie » ;
- la monnaie n'est plus un instrument de mesure fiable, puisque les variations de prix n'obéissent
plus à des forces réelles ; les gains et les pertes des agents ne correspondent à aucune logique
économique et les choix de consommation, d'épargne et d'investissement sont totalement
perturbés.
- la monnaie voit son rôle d'instrument des échanges totalement exacerbé, les agents économiques cherchant à s'en débarrasser sur le marché des biens et services.
L'inflation modifie la distribution des revenus au détriment des agents dont les revenus ne sont
pas indexés sur la hausse des prix (rentiers, retraités, salariés du secteur privé) et des individus
pauvres qui sont contraints de payer les produits de grande consommation plus chers (d'autant
que la demande de biens et services fondamentaux pour assurer la survie des individus est dite
inélastique aux prix car ces produits sont incontournables).
Enfin, vis-à-vis de l'extérieur, l'inflation détériore la compétitivité-prix des biens et services produits par les résidents et vendus sur le marché international ; les concurrents étrangers, non ou
moins soumis à la hausse des prix, gagnent des parts de marché. Le déséquilibre de la balance
courante apparaît, risquant de déprécier la monnaie sur le marché des changes (ou d'en provoquer la dévaluation).

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