Hors collection - Analyse financière internationale - 1re - 222



Les Fintechs

Moins considérées comme des concurrents des banques que comme des alliés potentiels, les Fintechs sont une
nouvelle classe d'entreprises dont la raison d'être est d'appliquer au domaine financier les nouvelles technologies de communication (mobile computing) et de traitement de l'information (big data). Elles se servent des
technologies blockchain mais développent surtout des applications agiles, loin des lourdeurs des systèmes des
banques.
On les rencontre tant dans des domaines traditionnels - paiement et micro-paiement (Paypal, Lydia,
Leetchi,...), gestion de comptes bancaires (Compte Nickel,...), affacturage (Finexkap), crédit (Younited Credit, Lendix, WeShareBonds...), etc. - ou plus nouveaux - financement participatif (Kickstarter, KissKissBankBank,...), conseil en gestion de titres automatisé (Yomoni, Advize,...), agrégation de comptes et gestion
de budget (Bankin', Linxo...).
L es Fintechs bouleversent le monde classique de la banque, de la finance et de l'assurance car elles allient
innovation, flexibilité, simplicité et efficacité. Parmi leurs atouts les différenciant des banques traditionnelles,
citons :
* L es technologies employées, qui permettent un abaissement considérable des coûts d'accès au marché ;
*u
n modèle économique souvent disruptif, n'ayant pas d'existant à préserver ;
*
l'évolution du comportement des clients (mobiles, connectés, géo localisés, présents sur les réseaux
sociaux) ;
* l'exploitation astucieuse d'insuffisances dans le service bancaire classique ;
* la lourdeur (et souvent l'archaïsme) des acteurs en place face à ces évolutions de la demande, avec une
réponse inadaptée ou trop lente ;
* la défiance vis-à-vis du monde bancaire et financier engendrée par la crise de 2008 ;
* le souhait (plus ou moins avoué) des régulateurs et des pouvoirs publics d'introduire de la concurrence
dans des professions « fermées » et supposées oligopolistiques.
Enfin, on n'oubliera pas la notion d'intelligence artificielle qui, datant des années 1950, a longtemps alimenté
les fantasmes d'une société gouvernée par des robots où l'homme serait esclave. De nos jours, elle connait
un développement fulgurant et trouve des applications dans la vie de tous les jours : les smartphones en sont
l'exemple parfait, les Chatbots et robot advisors, une réalité quotidienne.
L'intelligence artificielle est largement utilisée dans les applications de blockchain et par les Fintechs.
En conclusion, remarquons qu'ensemble, dans ce que l'on peut appeler un nouveau monde financier, la
blockchain et les Fintechs concourent à remettre en cause le modèle économique, voire culturel, des banques
traditionnelles.
D'une part, les banques sont touchées au cœur même de leur raison d'être : l'intermédiation. De nombreuses
fonctions qui requéraient auparavant un tiers de confiance peuvent maintenant être exécutées directement
entre les parties prenantes.
Ripple Labs propose une solution appuyée sur la technologie blockchain pour concurrencer directement
SWIFT, l'entreprise de transferts monétaires internationaux, qui jouissait jusqu'ici d'un quasi-monopole. Le
financement participatif met en relation directe prêteurs et emprunteurs, à l'opposé du financement traditionnel via une banque ; les robots-conseillers, survitaminés par l'ingestion de gigantesques quantités de
données, remettent en cause le conseiller humain.
D'autre part, la disruption introduite par les Fintechs pèse sur les prix en banalisant les produits bancaires
traditionnels. Par exemple, les commissions demandées par Paypal aux commerçants sont substantiellement
inférieures à celles de VISA, AmEx, etc.
Ces tendances ne sont absolument pas passagères, ce sont des lames de fond. Les acteurs en place, et en premier lieu les banques, doivent réagir à ce phénomène ; elles doivent s'adapter sous peine de disparaître. Elles
se sont dotées de laboratoires où des applications Fintechs sont développées.
L'écosystème de l'industrie post-marché et les métiers de la banque en général vont se retrouver complétement transformés.
L'enjeu actuel est de définir quelles seront les expertises de demain. Une expertise métier restera indispensable, certes, mais elle devra être accompagnée d'une faculté à travailler en silo en transversal tout en inventant une nouvelle forme de collaboration en équipes. Il est important de garder le collaborateur humain au
centre de l'organisation sans pour autant maintenir des modèles dépassés.

220

Hors collection - Analyse financière internationale - 1re

Table des matières de la publication Hors collection - Analyse financière internationale - 1re