CHAPITRE 6 - La consommation et l'épargne chez Keynes 77 Un des principaux intérêts de cette théorie est de montrer une articulation entre une analyse micro-économique et une analyse macro-économique qui va permettre de résoudre les résultats contradictoires des études empiriques. Sur le plan micro-économique, les propensions à consommer le revenu et la richesse dépendent des revenus et du patrimoine. Deux ménages disposant de revenus équivalents n'auront pas le même niveau de consommation si le montant de leur patrimoine est différent. Sur le court terme, le revenu courant n'influence que très faiblement la richesse. Celle-ci peut être considérée comme exogène par rapport au revenu. La fonction de consommation est de type affine. Elle peut s'écrire Ct = c.Yt + b.Rt où Rt représente la richesse accumulée et Yt le revenu courant issu du travail. La propension moyenne à consommer (C/Y = c + b.R/Y) diminue lorsque le revenu augmente puisque R/Y baisse. Pour une personne qui ne désire pas laisser d'héritage, l'accumulation de richesse est nulle (R = 0), toute augmentation du revenu sera intégralement consommée. La propension marginale à consommer est proche de un. La fonction de consommation est linéaire avec une pente proche de l'unité. Sur le plan macro-économique, l'étude de la consommation agrégée implique de raisonner en termes de « générations imbriquées ». À un moment donné au sein d'une société cohabitent les trois générations : les jeunes, les actifs et les retraités. La consommation globale résulte des interactions de comportement de ces trois générations. Si la croissance économique et la croissance démographique sont constantes, l'épargne des actifs est investie sous forme de prêts aux jeunes et de rachats de biens patrimoniaux aux retraités. La désépargne des jeunes et des retraités est compensée par l'épargne des actifs. Le taux d'épargne est nul à tout moment et la propension à consommer est égale à un. Un rajeunissement de la population entraîne une augmentation de la propension à consommer à travers l'apparition de besoins supplémentaires en termes de crédit à la consommation. Un allongement de la durée de vie provoquera une augmentation de la propension à épargner pour faire face à une retraite plus longue. Le rôle des variables démographiques sur l'évolution de la propension à consommer apparaît ainsi fondamental. Les pays « jeunes » auraient une propension à consommer forte alors que les pays à population plus âgée auraient une propension forte à épargner. À cette analyse keynésienne macro-économique de l'épargne qui en fait une fonction croissante du revenu, les classiques opposent une analyse qui repose sur des fondements micro-économiques et qui s'étudie en termes d'offre de fonds prêtables.