En poche - Histoire des idées politiques - 2e - 23

confiance dans la raison des individus (corollaire de la conscience
individuelle). S'il ne s'agit pas là de revendiquer une raison libre et
éclairée, distincte de la dimension spirituelle, comme ce sera le cas
avec les Lumières, mais la Réforme pose les premiers jalons vers la
réflexion philosophique du XVIIIe
siècle.
L'ESSOR D'UN MOUVEMENT CRITIQUE DE LA MONARCHIE
L'absolutisme naissant et la scission confessionnelle, dans laquelle
les protestants se trouvent en minorité dans le Royaume, mènent à
la création d'un mouvement critique de la monarchie : les monarchomaques.
Le massacre de la Saint-Barthélemy la nuit du 24 août 1572
conduit les protestants à être les premiers opposants au roi, estimant
que celui-ci a failli dans son devoir de protection de ses sujets.
Si le mouvement des monarchomaques ne développe pas une véritable
doctrine unitaire, les aspirations sont communes. Parmi les individus
représentatifs de ce courant (François Hotman, Théodore de
Bèze, etc.), la condamnation de l'absolutisme est unanime et l'appel
à la mise en place de contre-pouvoirs toujours plus fort (renforcement
du rôle des États généraux, etc.). Le consentement populaire prend
une place d'importance dans les écrits monarchomaques, dans lesquels
on retrouve l'idée selon laquelle toute autorité vient de Dieu.
Cela implique la possibilité de renverser le roi, devenu tyran, si celui-ci
va à l'encontre du bien commun. Condamnation de l'absolutisme, affirmation
de l'importance du consentement populaire et résistance à la
tyrannie sont les principales revendications du mouvement.
À la fin du XVIe
d'Étienne de la Boétie (1530-1563) pose la question de la légitimité
d'une autorité sur un peuple. Il soutient que la servitude est volontaire
avant d'être forcée et que celle-ci conduit la monarchie à amplifier son
pouvoir de façon continue. Il prône, pour briser cet asservissement, la
résistance passive par le refus d'obéir aux ordres royaux.
Alors que les premiers monarchomaques sont majoritairement protestants,
la physionomie du mouvement évolue lorsqu'Henri IV (15531610)
monte sur le trône. Bien que celui-ci se soit converti au catholicisme
pour exercer le pouvoir, son adhésion initiale au protestantisme
continue de radicaliser les milieux catholiques. La Ligue apparaît et
appelle au rejet de la loi salique (pour pouvoir écarter un roi protestant),
voire au tyrannicide (« Il est permis à chacun de tuer l'hérétique
ou son allié », écrivait le théologien Jean Boucher (env. 1548/1646)).
La logique est la même que celle des monarchomaques protestants :
l'élection prime sur l'hérédité, le consentement populaire sur les règles
préétablies. La souveraineté du peuple, revendiquée à la Révolution,
est ici en gestation.
siècle, la parution du Discours de la servitude volontaire
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