En poche - Histoire des idées politiques - 2e - 28

la modération dominerait, Montesquieu souligne l'importance de la loi
pour asseoir la stabilité du régime. La loi, seule, peut garantir et maintenir
la liberté de tous.
Le second détaille ses idées, entre autres, dans Du contrat social paru
en 1762. L'œuvre sera largement reprise par les révolutionnaires au
moment d'installer le régime républicain. Chez Rousseau, à la différence
de Hobbes, l'Homme est perçu comme étant naturellement
bon et se serait perverti dès l'instant où il est entré en société. Pour
remédier à cet état, il théorise l'idée du contrat social dans lequel la
Volonté générale prime sur la volonté individuelle. Le contrat social,
qui unit unanimement tous les individus du corps social, a alors pour
objectif de rechercher l'intérêt général du groupe. De cet intérêt commun
naîtrait la souveraineté du peuple car l'expression de la Volonté
générale serait l'émanation de ce dernier. Rousseau emprunte ici au
droit public romain et rénove l'idée antique de res publica. Dans son
idéal, le citoyen du Contrat social est un individu juste, vertueux qui a
à cœur de défendre le bien public.
L'APPORT DE LA PENSÉE KANTIENNE
Si la Révolution française est d'abord vue comme une victoire par la
majeure partie des Lumières européennes, la tournure radicale de la
politique au moment de la Terreur conduit certains lettrés à prendre
leurs distances avec les événements révolutionnaires. C'est le cas
d'Emmanuel Kant (1724-1804), chef de file de l'Aufklärung.
Dans la lignée des idées de son temps, Kant fait de la liberté la priorité
de la vie en société. Il réfléchit au meilleur moyen d'assurer celle-ci
et, comme Montesquieu, en conclut que seule la loi peut asseoir la
paix et la liberté. Sa pensée diffère de celles observées précédemment
dans le sens où, chez Kant, la liberté ne conduit pas forcément
à la paix sociale. Une liberté excessive, mal encadrée, peut mener à
contrarier les règles de la vie commune. C'est ainsi que le principe
d'ordre prime sur celui de liberté dans la réflexion kantienne car c'est
l'ordre qui permet d'assurer la liberté.
Il reprend la distinction de l'exercice du pouvoir juste face à l'injuste
en mettant en avant l'importance du respect des lois, qui assure la
liberté des individus dans le premier cas et la nie dans le second. De
fait, ce n'est pas la forme du gouvernement qui importe (monarchie,
aristocratie ou démocratie) mais bien le respect du droit. Par ailleurs,
Kant associe la morale au droit, l'un ne pouvant aller sans l'autre si l'on
souhaite protéger la liberté et écarter le risque des guerres.
La pensée de Kant s'illustre également par le projet de paix international
qu'il propose dans son Projet de paix perpétuelle publié en 1795.
Il part du constat que les nations se trouvent constamment dans deux
états interchangeants : celui de guerre et celui de paix instable avant
la guerre. Il revendique l'instauration d'un ordre juridique international
qui viendrait garantir la paix, et imagine un modèle fédéral qui serait un
outil supplémentaire de garantie des libertés.
L'Europe des Lumières
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