En poche - Histoire des idées politiques - 2e - 34

La pensée contre-révolutionnaire met en effet l'accent sur deux
idées fortes, qui seront reprises a posteriori et à des degrés divers
par d'autres penseurs. D'abord, renier le poids de l'Histoire est dangereux
: c'est parce qu'un régime politique est le fruit d'une longue
tradition qu'il arrive à se maintenir. Un bouleversement total de l'État
est donc impensable : le pouvoir politique peut connaître des évolutions,
mais celles-ci sont lentes et sont le fruit des leçons du passé.
Ensuite, le poids de la religion doit également être pris en compte.
Si les penseurs contre-révolutionnaires y accordent une importance
inégale, certains expliquent que l'ordre naturel des choses, tel qu'il
découle de l'Histoire, est avant tout issu des volontés divines. Cette
idée est surtout française, où régnait jusqu'alors un monarque de droit
divin. En ce sens, Louis de Bonald (1754-1840) milite pour un rétablissement
de la monarchie absolue. Joseph de Maistre (1753-1821)
va plus loin : pour lui, la Révolution est le fruit de la volonté divine qui
a voulu punir les hommes pour leur impiété, et n'est que temporaire.
Ce raisonnement sera en partie la cause de son succès au moment
de la Restauration.
À l'inverse, l'irlandais Edmund Burke (1729-1797) est plus pragmatique.
Considéré comme le précurseur de la doctrine contre-révolutionnaire,
d'origine libérale et protestante, il explique dans ses
Réflexions que la révolution anglaise est une forme de restauration
de la monarchie qui, en liant les droits et libertés avec les règles de
succession de la couronne, ferait preuve d'une grande sagacité. Au
contraire, en voulant faire tabula rasa de l'Ancien régime, la Révolution
française serait une folie destructrice allant à l'encontre de l'Histoire.
UN PROLONGEMENT FRANÇAIS : ENTRE POSITIVISME
ET TRADITIONALISME
La génération postérieure de penseurs compte dans ses rangs
quelques penseurs notables qui vont prendre le relais des idées
contre-révolutionnaires. Parmi eux, Auguste Comte, Hippolyte Taine
et Ernest Renan.
Auguste Comte (1798-1857) est le penseur du positivisme. Il rejette
la Révolution et considère que celle-ci a fait exploser le corps social
en promouvant l'individualisme. Il faut donc reconstruire la société. Si
les idées de Comte ont connu une postérité plus ou moins heureuse,
il reste malgré tout un penseur important du conservatisme. Selon le
Larousse, le positivisme suppose « que toutes les activités philosophiques
et scientifiques ne doivent s'effectuer que dans le seul cadre
de l'analyse des faits réels vérifiés par l'expérience et que l'esprit humain
peut formuler les lois et les rapports qui s'établissent entre les
phénomènes et ne peut aller au-delà ».
Comte classe les sciences et place à leur sommet la sociologie, qu'il
érige en science de la société. S'il dénonce la Révolution, c'est qu'elle
Contre-Révolution, conservatisme et nationalisme
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