Hors collection - Innovations financières et Réforme monétaire, ou comment sortir du piège de la dette - 15

P r é f a c e
nous vivions dans un monde merveilleux avec des nations pleinement
coopératives, voulant le meilleur pour elles-mêmes et pour le monde en
général (étonnamment, les deux sont alignés !) Quelle serait alors la meilleure
stratégie à adopter ? Effacer toutes les dettes qui sont effaçables,
abandonner le roi dollar pour une monnaie internationale qui serait
adossée à des actifs réels répartis dans le monde entier, etc. Bien sûr un
impossible alignement des politiques fiscales entre les pays serait nécessaire
à une démarche logique si l'on veut une neutralité de celles-ci sur les
actions monétaires.
Puis la cloche sonne et ils doivent se réveiller. Alors, voyons ce que nous
pouvons faire qui ressemble le plus au rêve qu'ils viennent de faire. Peutêtre
faut-il d'abord clarifier ce qui peut l'être dans un premier temps :
simple à réaliser car au sein d'un même groupe économique que sont les
entreprises liées par des liens financiers de contrôle, les créances débitrices
et créditrices se compensent. C'est ce que les professionnels de la comptabilité
appellent «la consolidation». L'étape suivante est un nettoyage
global des « boucles de dettes » entre les entreprises, en vue de réduire le
niveau général de l'effet de levier dans l'économie, principale source
d'instabilité financière, comme l'a justement observé Hayman Minsky il
y a plus d'un demi siècle... Cela nous rappelle la fameuse anecdote : un
riche touriste arrive dans un petit hôtel d'un beau village, un petit coin de
paradis sur le bord de la Méditerranée (par souci de rectitude politique,
j'omettrai les pays réels qui ont été cités pour le touriste et le village
lorsque je l'ai entendu pour la première fois). Le touriste souhaite visiter
les chambres de l'hôtel pour vérifier si elles conviennent à sa famille. Le
propriétaire l'accueille et appelle une femme de chambre pour accompagner
le client potentiel, mais il demande au touriste de verser une caution
de 100 €, qu'il lui restituera s'il décide de ne pas rester. Le touriste n'a
aucun problème avec cela et donne au propriétaire une facture de 100 €
et monte les escaliers avec la femme de ménage. Immédiatement, l'hôtel
appelle le restaurant, à qui il devait 100 €. Le restaurant appelle le marchand
de vin, à qui il doit également 100 €. Le marchand de vin appelle
sa maîtresse, à qui il avait promis un cadeau de 100 €. La maîtresse se
précipite à l'hôtel pour payer la chambre qu'elle a utilisée avec son autre
amant. Quand le touriste revient après avoir visité toutes les chambres, il
récupère son acompte et ne sait pas qu'il vient de régler toutes les dettes
du village. Cette histoire haute en couleur illustre le rôle initialement
prévu des banques centrales dans le système bancaire avec « l'assouplissement
quantitatif » : fournir les liquidités nécessaires pour que le système
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