Hors collection - Innovations financières et Réforme monétaire, ou comment sortir du piège de la dette - 43

Cou r t e h i s to i r e d e l a mon n a i e d e l'an t i qu i t é au x x i e s i è Cl e
En évoquant la civilisation grecque antique, non seulement un sommet
pour les idées philosophiques mais aussi pour le commerce à travers la
Méditerranée au ive
siècle avant J.-C., l'écrivain russe du siècle dernier
Michael Rostovtzeff a écrit : « La systématisation et la régulation du
commerce ont largement bénéficié du développement du métier de
manieur de monnaie, devenu banquier en se professionnalisant. Les
banques pratiquaient régulièrement des opérations monétaires comprenant
une grande variété de crédits. Alors, pourquoi avons-nous vu au
contraire une crise économique s'abattre sur la Grèce, une crise provoquée
par l'évolution politique du pays ? »
L'interaction entre la civilisation, le commerce, l'essor des idées philosophiques
et de la démocratie, ainsi que celle des moyens d'échanges est
une constante de l'histoire des sociétés. La prospérité due à une meilleure
efficacité des moyens de production et à des avantages compétitifs tels
que décrits par Adam Smith et la satisfaction due à la possibilité d'acquérir
des biens non disponibles localement, sont tous liés à l'existence de
la monnaie. La monnaie pour régler les échanges est une composante de
l'efficacité économique. Aujourd'hui, la monnaie est elle-même impactée
par les nouvelles technologies qui améliorent sa propre productivité en
matière de circulation et d'échange.
Mais depuis le développement de la monnaie, d'innombrables auteurs
ont mis en garde contre ses effets pervers et contre le fait que le déclin de
la civilisation se produit aussi par le biais de questions monétaires. La
crise de la Grèce antique décrite par Rostovtzeff présente des similitudes
étonnantes avec la crise financière actuelle. La civilisation grecque étendait
son influence sur le Moyen-Orient sous la domination politique des
Perses jusqu'à la bataille de Salamine en 480 avant J.-C. À cette époque,
la Grèce n'était pas une entité politique unifiée mais le rassemblement de
villes
indépendantes ayant une culture commune parmi
lesquelles
Athènes avait un rôle de premier plan. Toutefois, la domination de la
monnaie athénienne, la « drachme », allait connaître un déclin irréversible
par l'effet combiné d'une dette croissante et d'une baisse de la puissance
économique et de la supériorité militaire d'Athènes. Épuisée par les
« guerres civiles » entre les villes et les guerres étrangères contre les Mèdes
et les Phéniciens, la domination grecque dans le commerce, la culture et
l'argent s'affaiblissait peu à peu.
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