Introduction L'apport de l'histoire du droit Les juristes positivistes peinent à donner une définition du droit sans s'appuyer sur la sanction de la règle normative et sans la référence à l'État. Ils définissent le droit par son côté pathologique de la sanction du juge, ou en s'appuyant sur le particularisme occidental qu'est le développement de l'État comme instrument d'organisation de la société pour en souligner les spécificités. Or les anthropologues ont souligné l'existence de modèles de comportements dont la sanction n'est pas automatique dans des sociétés dépourvues d'État et qui s'apparentent pourtant à des règles de nature juridique. Si la définition des positivistes ne suffit pas à caractériser définitivement le droit, la formule antique de Celse selon laquelle « le droit est l'art du bon et du juste » ou la réduction « légicentriste » au contenu de la loi n'épuise pas davantage son sens. Le recours à l'histoire comme le regard anthropologique confirment le fait que le droit ne se définit pas uniquement comme un ensemble de normes mais plutôt comme un processus internormatif avec la morale et la religion. En cela, son contenu et son effectivité varient selon les cultures et le modèle occidental n'est ni universel, ni immuable. Il se subdivise en différentes familles qui, partageant une conception du droit identique, diffèrent dans la définition des outils techniques et des institutions autorisées à dire le droit : c'est ce qui différencie particulièrement les familles de droit romano-germanique et de common law. La seconde vertu de l'histoire dans l'appréhension du droit réside dans la démonstration de son caractère évolutif. Sa qualité d'« héritage » force à considérer le droit comme un produit du passé transmis et transformé à chaque génération, et non comme un théorème à jamais établi par une