Chapitre 5 Le pluralisme juridique médiéval À compter de 1180, la recomposition politique enregistre à la fois l'essor urbain et l'affermissement du pouvoir royal avec le règne de Philippe Auguste. Le triomphe de la culture juridique favorise la montée en puissance de deux pouvoirs : l'Église catholique romaine et l'État national. Cet essor accompagne les progrès agricoles et commerciaux qui nécessitent un ressort territorial plus large que la seigneurie afin d'assurer la sécurité. Au sein de l'Occident chrétien, la nostalgie de l'unité du droit romain soutient la tentative de formation savante d'un droit commun (1). Mais les matériaux intellectuels de ce perfectionnement sont réutilisés par les légistes pour conforter la souveraineté et le pouvoir normatif du monarque français (2). 1 La survivance de l'idéal juridique au sein des droits savants L'héritage du corpus justinien avait été reçu par l'empire romain d'Orient. Ce conservatoire byzantin offre la possibilité d'une redécouverte par l'Occident de la richesse des solutions juridiques élaborées par le droit romain. Inadaptées à la rusticité des relations de domination de la société féodale, la complexité et la sûreté du droit civil, la rationalité d'une procédure judiciaire centralisée répondent bien aux nécessités commerciales entravées par l'étroitesse du ressort des coutumes. La renaissance du XII e siècle se manifeste par l'enseignement du droit dans les universités, d'abord en Italie, travail d'explication des compilations qui s'enrichit du développement du droit canonique. ■ La redécouverte et l'utilisation universitaire du Corpus romain La redécouverte de la compilation de l'empereur Justinien suscite la renaissance de la science juridique, émancipée au sein des universités médiévales.