Hors collection - Le patrimoine du chef d'entreprise - 3e - 17

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LEPATRIMOINEDU CHEF D'ENTREPRISE
Récemment, Orpea, le géant privé des maisons de retraite, a fait l'objet de graves accusations en matière de détournement de
fonds publics et de maltraitance envers ses résidents et s'est retrouvé de ce fait en quasi-faillite. La dernière crise économique et
financière de 2008 avait déjà montré à quel point le manque de repère éthique dans le monde des affaires et au sein de
certaines banques pouvait être destructeur de valeur dans tous les sens du terme. Elle a surtout montré que ni le marché ni le
monde des affaires n'étaient capables de s'auto-réguler et qu'il fallait donc lui fixer des règles et des contraintes. Désormais, les
entreprises doivent s'interroger sur les conséquences que peuvent avoir leurs activités sur leur environnement au sens large.
Elles doivent surtout démontrer qu'elles sont capables de créer de la valeur partagée en contribuant au bien commun tout en
respectant leurs partenaires et leur environnement.
Au début des années 2000, le Livre Vert de la Commission européenne définissait la Responsabilité
sociale des entreprises (RSE) comme l'intégration volontaire par les entreprises des préoccupations
environnementales et sociales. Dans cette perspective, il n'était pas demandé aux entreprises de modifier
leur stratégie. Il leur suffisait de minimiser les externalités négatives en préservant la « licence to
operate », c'est-à-dire le droit d'exercer leur activité au sein de leur éco-système. C'est une démarche
assez simpliste que l'on peut qualifier de « RSE 1.0 ». Par la suite, la RSE a dû évoluer sous la
pression de la société civile face notamment à des entreprises de plus en plus puissantes. On est alors
passé à une RSE plus structurelle dont l'objectif était de modifier en profondeur la stratégie et les
processus d'organisation internes pour les mettre en adéquation avec les préoccupations sociales et
environnementales. On est alors passé à ce que l'on appelle la « RSE 2.0 » avec au sein des grandes
entreprises des directions du développement durable qui ont été de plus en plus associées à la
définition de la stratégie.
Ainsi, lorsqu'elles définissent leurs stratégies, les entreprises (petites et grandes) doivent désormais
prendre en compte l'impact de leurs décisions sur l'environnement et la sphère sociale. Elles doivent
par exemple vérifier que les projets d'investissement pourront rester rentables même en cas d'augmentation
à plus ou moins brève échéance du prix du carbone. La question environnementale ne peut
toutefois pas se réduire aux seules émissions de CO2
. Il faut également tenir compte de l'impact des
décisions stratégiques sur des problématiques aussi diverses que l'emploi, la résilience de la production
en cas de survenance d'une crise, la préservation de la biodiversité, la réduction des plastiques ou le
bétonnage des terres... S'engager dans une stratégie de type « RSE 2.0 » vise ainsi à internaliser les
effets (positifs ou négatifs) qu'une firme exerce sur la société civile. C'est devenu une RSE
stratégique4
qui est parfois vitale. Dans de plus en plus de secteurs, les entreprises doivent en effet se
faire noter par un organisme indépendant qui évalue la qualité de la politique RSE et une mauvaise
notation peut fermer la porte à certains contrats ou à certains marchés publics.
Aujourd'hui, ce n'est pas l'argent qui est une ressource rare mais le capital humain qui constitue la
source fondamentale de la compétitivité. Ce capital humain ne doit plus être vu comme un coût
mais comme une ressource et il faut le gérer aussi rigoureusement que les ressources financières ont
pu être gérées par le passé. Il faut donc inciter les salariés à l'expérimentation et à apprendre constamment
à travailler avec toujours plus d'efficacité (et non pas forcément plus durement). Dans cette perspective,
de plus en plus d'entreprises comprennent qu'en cherchant à maximiser le bien-être de leurs
salariés, elles améliorent aussi leur réputation sur le marché et elles attirent les meilleurs talents, ce qui
4. Le concept d'ESG (Environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance) est très proche de celui de RSE mais il est
plus large car il intègre des dimensions liées à la gouvernance de l'entreprise comme l'indépendance du conseil d'administration,
la création de comités indépendants ou la présence des salariés dans les organes de direction.

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