Mémentos LMD - Les institutions de la Ve République 2017-2018 - 10e - 71

CHAPITRE 3 - Le gouvernement

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B - La désignation des membres du gouvernement
Le chef de l'État nomme le Premier ministre (pouvoir non contresigné prévu à l'article 8,
alinéa 1, Const.), puis, sur sa proposition et avec son contreseing, il nomme les autres
membres du gouvernement (Const., art. 8, al. 2). Le choix des ministres résulte donc
d'un accord entre le chef de l'État et son Premier ministre.
Lors de cette opération, l'influence respective de chacune des deux têtes de l'exécutif
varie en fonction des personnalités en présence et du contexte politique. En effet,
en situation de concordance des majorités, le président de la République dispose d'un
ascendant sur le Premier ministre au moment de la délimitation et de l'attribution des
portefeuilles, même s'il en use plus ou moins selon les cas (F. Fillon en 2007,
J.-M. Ayrault en 2012, ou Édouard Philippe en 2017, par exemple, ont été largement
associés à la décision). En revanche, en cohabitation, le Président laisse le Premier
ministre composer son équipe gouvernementale, et ne conserve qu'un « droit de veto »
dont il use principalement dans le domaine des affaires étrangères et de la défense (cas
de F. Mitterrand à l'égard de Jacques Chirac en 1986, puis de Jacques Chirac, devenu
Président, à l'égard de Lionel Jospin en 1997).
Le choix des membres du gouvernement est hautement stratégique. Il s'agit d'associer des politiciens expérimentés et des hauts-fonctionnaires, ou techniciens reconnus
dans leur discipline. Il faut représenter les différents courants politiques internes à la
majorité, tendre au respect du principe de parité et ouvrir à la diversité. Il faut aussi
assurer la représentation des différents corps de la société et celle des différents territoires français. De cette alchimie dépendront l'image, la cohésion, le dynamisme, la
longévité et l'efficacité du gouvernement.
Exemple

C'est d'abord pour ses compétences techniques que Raymond Barre, qualifié de « meilleur
économiste de France » par le président Giscard d'Estaing, a été choisi en 1976 pour
prendre en charge le ministère du Commerce extérieur puis, après la démission de Jacques
Chirac, la direction du gouvernement. De même, le ministère de l'Économie et des
Finances ou le ministère des Sports ont été souvent confiés à des personnalités issues de
la société civile réputées dans leur secteur d'activité.

Approfondissant l'expérience menée en 1988 par François Mitterrand (nomination de
trois ministres UDF), Nicolas Sarkozy a entrepris, en 2007, d'élargir son gouvernement
à des personnalités issues du centre, du parti socialiste, ou proches de mouvements politiques d'opposition (B. Kouchner, É. Besson, F. Amara, J.-M. Bockel ou M. Hirsch). Pour
les uns, cela atténue opportunément les effets du clivage gauche-droite ; pour les
autres, cela opacifie le débat politique et se limite à un effet d'affichage. Dans cette
dernière optique, le président Hollande avait mis fin à l'expérience, cherchant seulement
à concilier, au sein de sa majorité, les courants socialistes, écologiste et du « front de
gauche ».
La victoire d'Emmanuel Macron en 2017 (victoire « au centre » d'un candidat hors parti)
a créé un contexte totalement inédit. La composition du gouvernement dirigé par
Édouard Philippe (LR) innove en ce qu'il est resserré (16 ministres - dont 2 ministres
d'Etat - 3 ministres délégués, 9 secrétaires d'Etat), strictement paritaire, rajeuni (54 ans
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