126 LES PROCÉDURES COLLECTIVES COMPLEXES l'instance contentieuse. La reconnaissance tardive de l'administration de l'application du régime des sociétés nouvelles au contribuable a eu pour conséquence la liquidation judiciaire de la société. La difficulté supplémentaire dans un tel cas de figure - et en réalité à chaque fois que la responsabilité de l'administration est en cause - est d'évaluer le préjudice issu de l'action administrative. Quel est le lien de causalité entre le manquement de l'administration et la liquidation de la société ? Les juges portent une appréciation difficilement contestable mais, par nature, source d'une difficulté de sa portée effective réelle. En effet, selon les juges « un lien direct de causalité entre la faute de l'administration et la mise en liquidation judiciaire de la société (...) n'était imputable au comportement de l'administration qu'à concurrence du tiers » : l'existence de difficultés financières distinctes de l'action fiscale explique ce partage de responsabilité. Il est en réalité très complexe de mesurer avec exactitude la répartition entre les difficultés économiques intrinsèques de la société et la faute des services fiscaux. Il est possible d'arguer que sans cette dernière la société n'aurait pas été liquidée. La multiplicité des facteurs dans une liquidation d'entreprise est une source d'interrogation qui rend complexe l'évaluation du lien causal. C. La contestation de la validité de la créance : une dualité de compétence délimitée ? La mise en œuvre d'une procédure collective peut conduire à la contestation des créances et notamment de celles de nature fiscale. La répartition de la compétence entre le juge de l'impôt et celui de la procédure collective doit être suffisamment claire pour que ni l'État ni le contribuable ne soient empêchés d'agir. Il convient de rappeler que la dualité de compétence du juge de l'impôt est une complexité interne à la matière fiscale. Le contentieux de l'impôt est partagé entre les deux ordres de juridiction. Cette répartition des compétences est principalement fondée sur la nature de l'impôt et elle a fait l'objet d'aménagements et d'exceptions dont la plus notable est l'attribution aux juridictions administratives des litiges portant sur les taxes sur le chiffre d'affaires, les contributions indirectes relevant en principe des juridictions judiciaires25. Ce partage de compétences ne se limite pas aux litiges d'assiette car il concerne le contentieux du recouvrement. L'article L. 281 du Livre des procédures fiscales (LPF), opère une distinction entre les poursuites afin de déterminer la juridiction compétente. Les contestations relatives au recouvrement des impôts relèvent du juge - administratif ou judiciaire - de l'impôt, lorsqu'elles portent sur 25. La loi des 7 et 11 septembre 1790 a attribué aux juridictions judiciaires les actions relatives aux impôts indirects. La loi du 22 frimaire an VII leur a attribué compétence en matière de droits d'enregistrement.