Pratique des affaires - Les procédures collectives complexes - 1re - 37

GESTION DU RISQUE DE RÉPUTATION 37

font, et défont, la e-réputation de l'entreprise. La formule de l'homme d'affaires américain Waren Buffet est plus que jamais d'actualité, et même un
brin optimiste : « il faut vingt ans pour bâtir une réputation et cinq minutes pour
la détruire. Si vous y pensez bien, vous verrez les choses autrement ».
Si la réputation est une valeur, et peut-être même un bien au sens juridique
du terme, elle est donc une valeur variable. L'entreprise doit donc gérer le
risque de réputation entendu de tout événement susceptible d'avoir un
impact négatif, au travers de sa réputation, sur ses résultats financiers et
plus largement sur sa valeur. Précisément parce que la réalisation de ce
risque peut elle-même créer des difficultés commerciales puis financières et
entraîner, à plus ou moins long terme, la cessation des paiements et l'ouverture d'une procédure de sauvegarde, de redressement voire de liquidation.
Tel pourrait être le cas d'un événement de nature environnementale ou
sociale. Les leviers de la responsabilité sociale des entreprises, ou RSE, considérée comme un déterminant essentiel de la réputation de l'entreprise,
doivent ainsi être utilement actionnés pour anticiper et prévenir ce risque.
Cela étant, les difficultés financières des entreprises ne résultent pas nécessairement de la réalisation du risque de réputation. Pour le dire autrement, la
réputation n'est pas un rempart qui préserve de manière absolue de la crise :
des entreprises dont la réputation est au zénith peuvent connaître de telles
difficultés au point d'être concernées par l'application des dispositions du
livre sixième de notre Code de commerce. Dans une telle hypothèse, il
résulte de tout ce qui précède que la réputation constitue alors, plus que
jamais, une valeur essentielle dont peut dépendre la survie de l'entreprise.
C'est ici que la confrontation du risque de réputation et du droit des entreprises en difficultés prend tout son sens. Les règles en la matière sont en effet
tournées vers un objectif principal : la prévention des difficultés de
l'entreprise, le cas échéant son sauvetage et son retour in bonis. Et, on l'a
compris, s'agissant de ce type particulier d'entité dans lequel la réputation
constitue un actif essentiel, cet objectif est d'autant plus accessible que la
réputation de l'entreprise est préservée. L'équation apparaît alors plus que
délicate. En partant en effet du principe que la confiance dans l'entreprise,
et plus encore la crédibilité de cette dernière, est un facteur déterminant de
sa réputation8, et en s'accordant sur le fait que les mécanismes propres à
notre matière peuvent porter atteinte à cette crédibilité dès lors qu'elles

8. Dans ce sens, P. HERBIG, J. MILEWICz et J. GOLDEN, "A model of reputation Building and destruction", Journal of Business research, 1994, 31 - V. aussi, dans ce sens, considérant que la crédibilité
est « la capacité à inspirer la foi dans l'entreprise et ses compétences » ou encore « la perception de fiabilité que l'entreprise peut inspirer », P. BOISTEL, « La réputation de l'entreprise : un
impact majeur sur les ressources de l'entreprise », art. préc.

Table des matières de la publication Pratique des affaires - Les procédures collectives complexes - 1re