Le droit au miroir des cultures. Pour une autre mondialisation-1 - 124

124 Le Droit au miroir des cultures. Pour une autre mondialisation est notoirement insuffisant, qu’ils manquent de formation, que les infrastructures de base (ex : journaux officiels) sont très réduites voir inexistantes Et la situation ne va pas en s’améliorant. Jacques Vanderlinden (1996b : 87) note à cet égard par rapport à l’Afrique que « Quel que soit l’angle sous lequel on l’aborde – celui du scientifique, ou du praticien – la faillite des droits étatiques africains est devenu un truisme ( ) Elle est étroitement liée à la délitescence de leur producteur, l’État africain ». Or poursuit-il, « Sans État, pas de droit étatique qui dépasse le stade du vœu pieux ou du nuage de fumée à l’intention des distraits ou des tartuffes prêts à se laisser abuser par des apparences qui leur conviennent. » Il est donc primordial de se tourner vers d’autres ressources telle par exemple la coutume qui continue à organiser la vie sociale. La question est de savoir comment articuler la coutume et les pratiques émergentes qui valorisent les ressources existantes avec les réalités des ordres juridiques nationaux et internationaux qui sont eux aussi des réalités inévitables et constituent des ressources, afin de s’acheminer vers la réalisation d’états de Droit, où l’idéal des droits de l’homme pourrait s’incarner 20. On ne peut pas continuer à faire l’impasse sur une réflexion sur les conditions économiques des droits de l’homme. Il faut oser repenser notre économie libérale si nous sentons sincèrement concernés par l’idéal fondamental des droits de l’homme de garantir à tous une vie digne (Baxi, 1991 : 152-153 ; Eberhard, 2005c ; Tandon, 2005). Si l’on peut voir la situation de « pauvreté de masses » comme caractéristique de divers pays « du Sud », il faut être conscient que c’est aussi un élément diacritique de la situation globale, où s’inscrit le discours universel des droits de l’homme. On assiste à l’exclusion croissante d’un nombre toujours plus grand d’êtres humains du « village planétaire », et le fossé entre « ceux qui ont » et « ceux qui n’ont pas » ne cesse de grandir en termes absolus et relatifs. « Ainsi en situation de mondialisation culturelle, le problème du ‘sociocentrisme’ occidental s’accentue en devenant global. Si nous attendons de la différence qu’elle soit exotique, lointaine, alors effectivement la déploration de l’homo20. Voir Le Roy, 1990b : 118-120 pour une illustration de ce que pourrait être la démarche d’une approche interculturelle des droits de l’homme acceptant de bâtir sur les diverses ressources disponibles, à travers la présentation qu’il fait de l’émergence au Sénégal d’une voie négociée de règlements des conflits et d’une nouvelle « culture commune ».
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