Le droit au miroir des cultures. Pour une autre mondialisation-1 - 139

Chapitre 4  Les droits de l’homme dans la rencontre avec le monde indien les grandes puissances 36 pour leurs propres intérêts économiques, politiques, stratégiques etc. Ceci passe d’autant plus facilement que comme ils révèlent du « sacré », il n’est pas facile de questionner des interventions en leur nom, alors qu’il est facile de justifier des non-interventions par l’argument « qu’on ne peut pas être partout ». Boaventura de Sousa Santos (1997 : 87), fait aussi remarquer dans la lignée les analyses de Richard Falk, que les grandes puissances ont eu tendance à jouer un double jeu entre politiques « d’invisibilité » et de « supervisibilité » consistant à grossir certaines situations et à se désintéresser d’autres selon les intérêts économiques et géopolitiques du moment. Rappelons aussi l’une des revendications des nations asiatiques dans la déclaration de Bangkok qui consistait dans l’exigence de démocratisation du système onusien, sans laquelle tout discours sur un égal respect des diverses cultures n’était que vains mots. Et encore faudrait-il que tout le monde veuille bien jouer selon les règles des Nations Unies, et ne pas se croire au-dessus du lot, comme ont tendance à le faire surtout les États Unis Dans une perspective interculturelle, l’enjeu principal pour les droits de l’homme consiste à nous acheminer petit à petit vers une approche cosmopolite et non-hégémonique des droits de l’homme pour reprendre la terminologie de Boaventura de Sousa Santos. Ce n’est possible qu’à travers une attitude dialogale et une attention portée aux vies concrètes des gens, destinataires (et bénéficiaires !) supposés des droits de l’homme, Ce n’est qu’ainsi que les droits de l’homme (compris au sens large) pourront espérer être à la hauteur pour contribuer à relever leurs autres enjeux, « avouables » cette fois ci : protection de l’individu face aux pouvoirs étatiques, voire aux pouvoirs des grandes entreprises multinationales, protection face à des pouvoirs sociaux, émancipation de conditions opprimées, construction de projets fédérateurs à des niveaux régionaux voire au niveau global dans l’émergence par exemple d’un projet fédérateur pour toute l’humanité de vivre ensemble dans le respect et le partage mutuel de nos communes humanités. Il est pertinent de mettre ici en contraste les préoccupations des femmes intouchables indiennes que dégage R.S. Khare (1998a) 36. Voir par d’autres acteurs. Le premier exemple qui vient à l’esprit est la rédaction par certains états de belles constitutions qui servent souvent de poudre aux yeux à la communauté internationale pour démontrer la respectabilité de ses auteurs, mais restent lettre morte dans les réalités internes des pays.
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