Le droit au miroir des cultures. Pour une autre mondialisation-1 - 172

172 Le Droit au miroir des cultures. Pour une autre mondialisation alternatives possibles à la culture moderne (voir Panikkar, 1982). Car « il n’y a pas de pluralisme culturel sans pluralisme politique. Si les diverses cultures sont mises en demeure d’adopter une forme unique de politique, on réduit ( ) la culture au folklore. » (Panikkar, 1999b : 38). Peut-être ressortons-nous quelque peu étourdi des perspectives qui se dessinent. Et le travail pour approfondir toutes les implications des pistes dégagées ci-dessus s’annonce considérable. Mais, peut-être, peut-on déjà en première approximation distinguer trois défis. Ils recoupent les trois points que nous avons commencés à développer ci-dessus. Tout d’abord il s’agit du défi des pratiques alternatives du droit, dans le sens d’une poursuite de dynamiques émancipatrices dans le cadre du droit positif existant, dont une bonne illustration était la dynamique des fermiers drômois. Deuxièmement il y a le défi d’une pratique et d’une pensée d’un Droit alternatif – et plus particulièrement dans notre perspective d’anthropologue du Droit, d’une approche qui intègre les réalités anthropologiques du phénomène juridique et ne réduit pas le Droit au droit (au sens des juristes, le droit étatique, le droit comme normes). Ce deuxième contexte nous invite plus particulièrement à réfléchir à de nouvelles formes de l’État de Droit – peut être en relation avec la notion de « bonne gouvernance » – ce qui implique d’ouvrir les conceptions modernes du droit à des réalités qui restent jusque maintenant largement occultées mais qu’il faudra intégrer dans nos démarches si nous voulons nous donner les moyens de faire face aux défis contemporains tels qu’illustrés par les enjeux d’une sécurisation foncière en Afrique. Enfin, s’agira-t-il de poser petit à petit les conditions permettant d’envisager et de reconnaître des pratiques alternatives au Droit, surtout en ce qui concerne nos relations avec les diverses cultures juridiques homéomorphes de l’humanité (voir Vachon, 1990a), tels qu’avec les peuples autochtones, pour qui les questions ne se posent pas forcément en termes de droit, concept même inexistant chez eux, mais par exemple en terme de « cercle de la vie » ou « cercle sacré » pour reprendre un équivalent Mohawk que nous avons déjà approfondi dans les pages précédentes (voir aussi Vachon, 1992 : 13 sq. ; Newberry, 1982 : 29). À un niveau ultime, bien que différents, ces trois défis sont liés. Même s’il apparaît qu’ils demandent un degré croissant de remise en question existentielle dans leur ordre d’exposition, les pratiques alternatives à un « niveau moins fondamental » ne prennent tout leur sens que dans l’horizon plus

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