Le droit au miroir des cultures. Pour une autre mondialisation-1 - 185

Chapitre 6  Repenser la mondialisation : Droit, gouvernance et développement durable 185 en perspective interculturelle d’ambition quant au développement économique. Ils ne touchaient pas non plus aux ensembles locaux. » (Heuzé, 1993 : 44). Ces effets « pervers » du développement conduisent à s’interroger de manière critique sur le concept du « développement durable ». Pourquoi soudain qualifier le « développement » de « durable » ? Que révèle la rhétorique d’un « développement à visage humain » ? D’où vient ce besoin de « relooker » le « développement » ? Serait-ce pour l’adoucir ? Pour le rendre plus acceptable ? La qualification en elle-même, ne suggère-t-elle pas que le développement pourrait avoir une essence non-durable, non-humaine 27 ? Les diverses sociétés du monde ont vécu pendant des millénaires en s’adaptant aux conditions de leur environnement. Elles ont fait preuve d’ingéniosité et de durabilité. C’est avec le développement moderne que l’on a commencé à épuiser de manière de plus en plus irrémédiable les ressources de notre planète (Shiva, 1997) non seulement naturelles, faudrait-il préciser, mais aussi humaines. Face à cette non-durabilité, à cette non-humanité, il a bien fallu tirer les sonnettes d’alarme : attention, prudence ! Il faut ne pas perdre de vue la durée et l’inscription de l’Homme 28 dans le monde qui l’entoure ! Mais, du moins pour l’instant, cette prise de conscience n’a pas vraiment su nous émanciper du mythe du développement. Elle ne nous a pas suffisamment ébranlé pour que nous nous interrogions si ce n’est pas le développement même et tout ce qu’il implique qui pourrait constituer le problème ou du moins l’une de ses parties. La question ne se limite plus aujourd’hui à simplement réfléchir ou de mettre en pratique un développement alternatif, mais à essayer en outre de dégager des alternatives au développement 29. Celles-ci ne sont d’ailleurs pas de simples utopies : il existe de nombreux exemples de modes de vie « durables » – le défi est peut-être de les reconnaître, de les encourager et de réfléchir à leur articulation, à leur mise en dialogue 27. La notion de « développement durable » émerge dans les années, 1980. Il est défini comme « le développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs » dans le rapport des Nations Unies Notre avenir à tous de, 1987. Le PNUD a aussi initié une réflexion sur un développement plus centré sur l’homme pour se libérer du carcan de l’ajustement structurel qui commençait à montrer ses limites et nécessitait d’être repensé avec « un visage plus humain » (Ben Hammouda, 1999 : 8-9). 28. « Homme » avec majuscule renvoie ici à l’être humain, au Mensch en allemand. 29. Voir par exemple Vachon, 1990b ; La ligne d’horizon, 2003 ; Paranjape, 2005.

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