Le droit au miroir des cultures. Pour une autre mondialisation-1 - 195

Chapitre 6  Repenser la mondialisation : Droit, gouvernance et développement durable 195 en perspective interculturelle les racines adventives, leurs correspondances multiples avec les diverses forces sociales et notamment, dans les provinces, les hiérarchies des terroirs historiques. En même temps que sur la coercition, dont il fait volontiers usage, il repose sur des négociations et des compromis permanents entre toutes ces forces ; en d’autres termes, il reste étroitement tributaire des performances individuelles de ses acteurs. » 39 En outre, l’expression ou la mise en forme de la société civile est moulée dans une vision occidentale moderne. Le concept renvoie à la societas, à un assemblement d’individus liés par un contrat social (Dumont, 1991 : 98-99), et à la civitas, la cité politique. Ce sont des constructions particulières du rapport au politique, au juridique et au social. La référence à la société civile renvoie implicitement à des associations, à des organisations non gouvernementales, à des mouvements citoyens Mais quid des structures politiques, sociales, économiques et juridiques plus traditionnelles, telles les réseaux familiaux, religieux, de castes, de voisinage, d’entraide qui ne sont pas forcément moulées dans des formes modernes 40 ? Soit ils ne sont pas pris en compte, soit on n’en perçoit que la pointe émergée de l’iceberg à travers leur éventuelle participation à des « jeux modernes », par exemple à l’occasion de la participation dans une activité d’ONG. Mais l’on n’apprend rien des mécanismes et des structures de ces organisations sociales. Dans l’ignorance que l’on a d’elles, elles apparaissent tout au plus comme des freins au développement qui doivent être éradiqués et remplacés par des structures plus adaptées à notre temps. Or, il est concevable en vue des développements précédents, que le fait de s’opposer au choix politique du développement peut être tout à fait légitime dans certains cas et mérite au moins discussion, au lieu de se voir opposer a priori un « argument » de non-recevabilité consistant à rappeler le caractère arriéré et non pertinent de toute organisation ne se réclamant pas et ne fonctionnant pas selon les institutions et mécanismes modernes. 39. Voir aussi Bayart, 1987 et mettre en relation avec Le Roy, 1997b. Sur la question des réseaux voir entre autres les contributions sur l’Afrique dans Eberhard, 2002b. On peut aussi se poser la question de la pertinence de parler de « société civile » dans des contextes qui ne la connaissent pas et ne la reconnaissent pas officiellement telle la Chine par exemple. 40. Sur la difficulté de la prise en compte des structures ou dynamiques traditionnelles quand on raisonne en termes de « société civile » voir par exemple Mandani, Wamba-Dia-Wamba, 1997 ; Sall, 1997.

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