Le droit au miroir des cultures. Pour une autre mondialisation-1 - 79

Chapitre 3  Approches de visions amérindienne et tibétaine du Droit. À la découverte du cercle Dans ses aspect plus axiologiques que descriptifs, le paradigme du réseau tel que développé par François Ost et Michel van de Kerchove, ne parvient pas par lui-même à répondre aux questionnements qu’il suscite par rapport à la problématique de l’émergence de nouveaux états de Droit intégrant profondément l’exigence de respect de l’altérité et du dialogue. Qu’advient-il des théories sur l’autorité, sur la légitimité, sur la responsabilité développés à partir du paradigme pyramidal, dans un paradigme réseauique qui affiche une tendance à diluer ces notions par son emphase sur la complexité, les enchevêtrements multiples, les effets de rétroaction ? Si l’on gagne dans l’adéquation de la description, on perd dans la compréhension de ce qui est censé assurer une certaine sécurité juridique ou un « état de Droit » permettant la sécurisation de tous les acteurs sociaux dans leurs rapports mutuels. Pour l’anthropologue du Droit pour qui le système juridique va au-delà de celui constitué par le droit positif, et pour qui « l’état de Droit » ne se résume pas à l’institution juridique de l’État de Droit, il apparaît comme heuristique d’essayer de déceler ce qui se cache derrière le changement paradigmatique de la pyramide et du réseau en proposant un détour par d’autres cultures juridiques de notre monde. Cette démarche éclairera sous un autre angle la notion de réseau comme paradigme théorique pour la compréhension des systèmes juridiques compris dans leur sens sociologique 8 et apportera des éléments de réponse quant à la question de la réalisation d’états de Droit dans les contextes contemporains devant intégrer les exigences de l’interculturalité et de la Paix. Souli8. Pour André-Jean Arnaud (Arnaud, Dulce, 1998 : 264, 266) : « ( ) les conçus et les vécus que nous (les sociologues du droit) observons ne sont pas, à strictement parler, du droit ; mais, ayant vocation à en être et se présentant comme parallèles et concurrentiels avec lui, ils peuvent être dits à tout le moins juridiques, simplement juridiques, mais juridiques sans aucun doute – le droit ayant, lui aussi, outre sa qualité de droit, celle de juridique. ( ) des systèmes juridiques (informels, non en vigueur, etc.) peuvent venir affronter un système de droit ; et de cet affrontement pourra résulter soit une innovation, soit une adaptation d’un système à l’autre, soit une récupération du système nouveau par l’ancien, soit encore une vaccination du système en vigueur. ( ) Il est très important, pour l’analyse des systèmes juridiques, de pouvoir désigner sans ambiguïté ce qui n’est précisément pas du droit au sens strict et qui mérite, néanmoins, d’être pris en considération dans les études socio-juridiques. L’utilisation de ‘juridique’ dans un sens spécifique permet de ne pas s’en tenir aux systèmes de droit en vigueur, tout en ne confondant pas – ce qu’auraient tendance à faire les sociologues – le droit avec ce qui n’en est pas strictement et qui n’appartient pas seulement à la sphère sociale. »
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