82 Le Droit au miroir des cultures. Pour une autre mondialisation qu’il partage avec la vision Mohawk, il connaît aussi un droit écrit et une distinction entre droit religieux et laïque, ainsi qu’un gouvernement et une bureaucratie centralisée qui rappellent des visions plus modernes occidentales. Il allie cercle et pyramide. Le symbolisme circulaire du mandala dans lequel il s’enracine comporte aussi des éléments hiérarchiques. Le détour tibétain permettra ainsi de nous ouvrir à des conceptions de hiérarchies très enchevêtrées et « bouclées » qui permettent de dégager quelques éléments sur les notions de légitimité et d’autorité dans des contextes où il existe une distinction entre laïque et religieux et où coexistent des représentations circulaires et hiérarchiques dans la vision du monde et du Droit. Nous bouclerons la boucle en tentant de dégager de nos pérégrinations des pistes pour repenser nos Droits à la hauteur des défis de l’interculturalisme et de la Paix et en harmonie avec ces deux symboles. 1. À la découverte du Cercle avec les Haudenosaunee ou Iroquois Nous commencerons par donner une première vision du cercle de la Grande Paix avant de nous lancer dans une comparaison plus poussée entre cultures juridico-politiques Haudenosaunee et moderne ce qui nous permettra d’éclairer aussi la rencontre de ces deux cultures par rapport à la question de la « reconnaissance des droits des peuples autochtones ». 1.1. Premières approches du cercle de la Grande Paix Les Haudenosaunee 10, ou Iroquois comme les nommaient les français, forment le peuple de la Maison Longue qui habite l’Île de la Tortue ou ce que nous appelons le Canada. Il regroupe toutes les communautés qui font partie de la Confédération des Six Nations et qui se réclament d’une façon ou d’une autre de la Grande Loi de la Paix (Kayanerekowa : la Grande Beauté) qui « consiste en 10. Bien que partant dans notre présentation plus particulièrement des Haudenosaunee, nous tenterons de dégager des lignes forces qu’on peut considérer comme représentatives de la plupart des cultures autochtones d’Amérique du Nord. Notons aussi que l’ethos que nous tenterons d’éclairer n’est pas une chose du passé. Il continue à informer la vie des autochtones et a été suffisamment résistant à l’acculturation pour continuer à persister malgré le passage du temps et les diverses forces assimilatrices qui se sont exercées depuis le premier contact avec les Blancs il y a environ cinq cent ans. Pour une présentation succincte des caractéristiques fondamentales des valeurs traditionnelles autochtones voir Dumont, 1993.