Droit et Société Classics - Les métamorphoses de la régulation politique - 1re - 116

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La régulation politique au regard des disciplines

interventions des autorités publiques 9. Les principes de l'intervention
publique définis « d'en haut », les grandes orientations établies a priori
apparaissent de plus en plus inadéquates. Ce qui s'impose est un modèle
de « contextualisation de l'action », fonctionnant dans la contingence et
dans la transversalité 10. « À la vision traditionnelle du territoire de l'État
marqué par sa verticalité, sa stabilité et celle du droit et des institutions
s'oppose de plus en plus désormais "un espace dynamique de gestion
des problèmes publics caractérisé [...] par la diversité des situations, la
contingence des solutions et la variabilité de son emprise géographique" 11. Il s'opère ainsi un désajustement entre "le territoire de la
puissance publique", celui traditionnel de l'État, et « les territoires de
gestion des problèmes publics » 12. Le premier a pour caractéristique
d'être « clos et déterminé » alors que les seconds restent ouverts et
indéterminés 13.
Le territoire de l'État était associé à l'exercice d'un pouvoir exercé
« par le haut » s'appuyant sur des instruments comme le droit et des
institutions inscrivant leurs actions dans des espaces établis strictement
formellement et dans la stabilité. L'action publique se conçoit de plus en
plus dans une interaction entre des réseaux d'acteurs et des niveaux de
décision extrêmement divers. Dans ce nouveau cadre, la multiplication
d'interpellations émanant de la société dans ses composantes les plus
variées, sociales, culturelles, économiques mettent en porte à faux le
territoire institutionnalisé qui avait pour attribut le droit étatique fondé
sur l'idée de distance, en relation avec celle de verticalité.
Dans le cadre national, c'est une « conception en termes de
construction collective de l'action publique » 14 qui s'affirme. Il en résulte
l'abandon de la croyance en la centralité de l'État, ce qu'on a pu appeler
un « étato-centrisme ». Un tel changement dans les représentations de
l'État en relation avec les transformations de son action dans la réalité
vaut particulièrement pour la France marquée par le mythe d'un État
tout-puissant et surplombant, construit sur l'idée d'unité face à
9.

10.
11.
12.
13.
14.

On trouvera dans ce même ouvrage une illustration exemplaire de cette évolution
avec les analyses proposées par Jean-François AMADIEU et Guy GROUX mettant en
valeur, particulièrement dans le cas de la France, un déplacement de l'État vers
l'entreprise dans l'économie des relations professionnelles.
Patrice DURAN, Penser l'action publique, Paris, LGDJ -lextenso éditions, coll. « Droit
et Société Classics », 2ème éd., 2010, p. 89.
Ibid., p. 89.
Ibid., p. 85.
Ibid., p. 85.
Patrick HASSENTEUFEL, Sociologie politique : l'action publique, Paris, Armand Colin,
coll. « U Sociologie », 2008.

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