Droit et Société Classics - Les métamorphoses de la régulation politique - 1re - 40

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La régulation politique au regard des disciplines

marché, des paramètres tels que l'autonomie des acteurs, leur
interdépendance, leurs intérêts ou leurs enjeux revêtent des formes et
des natures qui ne sont pas les mêmes. La régulation croisée en matière
de gouvernement des affaires publiques territoriales ne ressemble guère
à cet égard à la régulation conjointe des relations du travail. Quant à
l'ajustement mutuel observé chez les préfets et les sylviculteurs à propos
de la taxe d'entretien des forêts, il est d'une tout autre nature que
l'externalisation communément entretenue par les agents du transport
routier de fret. Les scènes sur lesquelles les sociologues identifient de la
mise en compatibilité, les systèmes que la régulation structure, les effets
ainsi construits ou induits, font entrevoir combien différenciée est
l'action collective dans ses manifestations empiriques aussi bien que
dans ses statuts analytiques.
Un point général rassemble ces travaux : la régulation renvoie à
l'intégration. L'intégration sociale, on le sait, prend diverses formes,
culturelle, coercitive, institutionnelle, etc. La régulation pour sa part
traite d'action collective organisée, de formes de co-construction qui
sont multipolaires, peu ou pas formalisées, non coercitives. Ce n'est pas
un hasard si les sociologues passent progressivement d'une perspective
monocentrique ou hiérarchisée de l'intégration, faisant appel aux
concepts d'ordre et de contrôle, à une perspective acentrique ou
systémique qui repose sur les concepts d'action et d'ajustement mutuel.
L'intégration, il faut le rappeler, n'implique pas par nature l'homogénéité
des agents, des logiques d'action et des enjeux. Elle peut aussi naître de
l'hétérogénéité.
Une telle perspective intéresse l'analyse du politique. La question se
pose des conditions de cette possibilité à propos du domaine des
politiques publiques. La régulation peut-elle trouver place et usage ?
L'étude des politiques publiques a amplement contribué à relancer
et à améliorer la connaissance des faits politiques. Car elle a déplacé le
regard que la science politique et la sociologie d'avant les années 1970
portaient sur l'ordre public. Il ne reste aujourd'hui guère d'esprits
chagrins qui ne le reconnaissent.
Le déclic est connu. Il peut s'énoncer de plusieurs manières. La
formule a fait mouche qui propose d'examiner non plus comment
« politics induces policies » mais au contraire comment « policies
structure politics ». Pour le dire autrement, face à une perspective qui
étudiait comme variables indépendantes les institutions et les règles (le
vote, les types de constitution, les partis, etc.) s'est affirmée une
alternative qui traite des activités de la puissance publique face à des
problèmes substantiels (l'éducation, la sécurité, le développement
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