Systèmes Pratique - États et marchés financiers - 1re - 110

États et marchés financiers

prenant des risques excessifs. Leurs pertes durent être alors prises en
charge par les États : par exemple, « la charge à long terme, pour le
contribuable, du sauvetage des banques mexicaines, à la suite de la crise
du peso de 1994-1995, a été estimée à 21 % du PIB »74.
Les crises bancaires entraînèrent alors les États en développement
dans des crises financières importantes pendant près de dix ans : la crise
mexicaine75, à la fin de 1994 et au début de 1995, fut « suivie deux ans plus
tard, en juillet 1997, par la crise thaïlandaise, qui, se propageant à une large
partie de l'Asie en 1997 et 1998, frappa la Corée, la Malaisie, l'Indonésie et
les Philippines », puis, « en août 1998, ce fut au tour de la Russie, et la
crise russe déstabilisa le Brésil à la fin de 1998 et au début de 1999 » et,
enfin, « la Turquie entra en crise à la fin 2000, l'Argentine en 2001 puis le
Brésil à nouveau en 2002 »76. Ainsi, la libéralisation financière nourrit le
comportement spéculatif des banques qui fragilisa le système financier de
nombreux pays en développement. D'autres, en revanche, parce qu'ils
disposaient de réserves naturelles importantes, accumulèrent des
excédents financiers qu'ils cherchèrent à valoriser sur les marchés au
moyen de « fonds souverains », le Sud finançant ainsi le Nord.

B. Le financement des pays développés par les pays
émergents
1. Le rôle des fonds souverains des pays émergents
sur les marchés financiers
L'expression « pays émergents » est attribuée à M. Antoine van Agtmael,
économiste à la Société Financière Internationale (International Finance
Corporation, IFC) de la Banque mondiale77, qui entendait ainsi distinguer, à
l'intérieur de la catégorie des Pays En Développement (PED), ceux qui
étaient engagés dans une dynamique de forte croissance, soit qu'ils étaient
faiblement endettés, soit qu'ils pouvaient même constituer des excédents
financiers. Or, « avec la sortie de la crise de la dette au cours des années
1990, les banques et les investisseurs se ruèrent vers ces nouveaux
mondes »78, sachant que certains des pays émergents cherchèrent à
valoriser sur les marchés financiers les réserves considérables qu'ils
74. MIOTTI L. et PLIHON D., « Libéralisation financière, spéculation et crises bancaires », revue
Économie internationale, CEPII, 2e trimestre 2001, nº 85, p. 3-36.
75. Cf. SANTISO J., « Wall Street face à la crise mexicaine. Une analyse temporelle des marchés
émergents », Les études du CERI, déc. 1997, nº 34, p. 2-42.
76. BOYER R., DEHOVE M. et PLIHON D. (dir.), Les crises financières, Conseil d'analyse économique,
2004, p. 9.
77. Cf. PELLET R., Droit financier public, op. cit. p. 438 et s.
78. CŒURÉ B., SANTISO J., « Introduction. Les marchés émergents : des marchés d'avenir. »,
Revue d'économie financière, 2009, nº 95, p. 9-20 (nous changeons le temps des verbes,
R.P.).

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