Systèmes Pratique - États et marchés financiers - 1re - 135

Les politiques européennes de libéralisation des marchés financiers

contenu d'une note du gouverneur de la Banque de France d'alors,
M. Michel Camdessus, qui écrivait ainsi, le 26 octobre 1987, à l'attention du
ministre des Finances : « Les marchés financiers viennent de subir une des
secousses les plus fortes de leur histoire. Il n'est pas niable que la
déréglementation des marchés de l'argent, qui est intervenue dans le
monde entier, en particulier depuis le début des années 1980, a contribué
à la transmission des mouvements de cours de place à place ». Le
gouverneur concluait qu'il ne fallait pas revenir sur la libéralisation/
globalisation des marchés financiers car elle était à ses yeux « un
phénomène à la fois irréversible et sain » et que les autorités publiques
avaient les moyens d'empêcher que la « bourrasque boursière » ne se
transformât en choc économique. Aux États-Unis, le gouverneur Alan
Greenspan sut prendre en effet les mesures salvatrices (cf. supra). Et, en
France, finalement, le krach joua « un rôle d'accélérateur des
transformations morphologiques et économiques du secteur financier »52.
Ainsi, l'organisation de la Bourse fut encore réformée afin que les banques
jouassent un rôle direct plus important sur les marchés financiers.
Ainsi, la loi nº 88-70 du 12 janvier 1988 enleva aux agents de change le
statut de titulaire d'une charge officielle, en transférant le monopole de
négociation à des sociétés de bourse de droit privé dont le capital
appartenait à des institutions financières et à des actionnaires de
référence. Les agents de change ne furent pas indemnisés par l'État de la
suppression de leur privilège car leurs offices furent rachetés par les
établissements financiers et ils furent de droit admis à exercer les activités
des sociétés de bourse. L'objectif du législateur était de permettre aux
sociétés de bourse d'ouvrir leur capital et, en effet, les banques et
certaines compagnies d'assurance y investirent massivement. À la
Compagnie des Agents de Change succéda la Société des Bourses
Françaises (SBF) ou ParisBourse SA.
Afin d'absorber un nombre croissant d'ordres, sans quotité minimum de
négociation, la SBF remplaça, en juin 1995, la technologie CAC par une
technologie propre, appelée d'abord « SuperCAC », puis en 1997 par le NSC
« Nouveau système de cotation ». Dans le même temps, en dehors du cadre
spécifique des activités de teneur de marché, les membres du marché
furent autorisés à prendre des positions pour compte propre, activité de
« contrepartiste », afin de suppléer à l'impossibilité de coter en continu des
valeurs peu liquides, ce qui permettait de concurrencer la place de Londres,
où une part croissante de valeurs françaises était négociée.
Avec la multiplication des « start up » liées aux nouvelles technologies de
l'informatique et des biotechnologies, qui cherchaient des sources de
financement rapides, fut créé en février 1996 le « Nouveau marché », où
52. GODECHOT O., « Marchés financiers et gestion du risque. Un essai d'application du concept
de rationalisation », Innovations et sociétés, GRIS, Publications de l'université de Rouen,
déc. 2000, p. 137-155.

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